Un rêveur en enfer

Comédie dramatique, abordé comme un conte philosophique s’inscrivant dans une réalité historique par son réalisateur, Roberto Benigini, La vie est belle nous raconte l’histoire d’un père optimiste qui essaie de préserver son enfant des horreurs qu’ils vivent dans un camp de concentration allemand en Italie pendant les événements de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit du premier film sur la Shoah que j’ai visionné de ma vie (en tout cas, le premier dont je garde un souvenir précis). Le film m’avait beaucoup marqué. J’imaginais que mon avis positif serait renforcé par ce nouveau visionnage, mais il s’avère que j’ai découvert l’œuvre sous d’autres aspects, moins gratifiants.

En réalité, le film manque de justesse historique. Certains éléments semblent peu probables, voire carrément erronés, comme le fait que l’enfant ne soit pas directement séparé de son père lors de leur arrivée au camp de concentration. Mais également, la facilité exagérée qu’à Guildo à faire croire à son fils que leur captivité n’est qu’un jeu. Le ton du film est souvent paradoxal, on culpabiliserait presque de rire devant certaines blagues, tant elles s’inscrivent dans des situations épouvantables.

Une fois cela dit, on se souvient qu’il s’agit d’un film abordé comme une fable, et on parvient ou non à faire abstraction des pirouettes pratiques. J’ai eu un peu de mal avec la personnalité enjouée de Guildo. D’ailleurs on sait désormais que Roberto Benigini fait du Roberto Benigini dans ce rôle, dans le sens où le rôle ne se distingue pas beaucoup de l’acteur.

Je trouve que le film à une aura usée, un peu comme s’il avait été réalisé dans les années 70 et non pas en 1997. La réalisation, la photographie, la lumière… sont datées, ancrées dans de vieux standards.

Heureusement, le film fonctionne grâce à son sens philosophique, des thématiques percutantes, et une fantaisie crue, cernée par le désespoir, qui nous mettra parfois mal à l’aise, mais qui est carrément audacieux d'un point de vue créatif ?

Sur la base de mes souvenirs, j’aurais attribué 9 étoiles à ce film, mais maintenant que je l’ai revu et que je m’essaie à l’objectivité, je dirais que 7 étoiles est une note plus juste. Quoi qu’il en soit, le film mérite amplement son titre de chef d’œuvre.