Et que cette neige de coton ne cesse jamais de tomber...

Parce que je viens de découvrir un film qui me laisse un sourire béat vissé sur le visage et le regard humide. Parce que je viens de revoir goulument la fin une seconde fois à peine le premier visionnage achevé. Parce que j'ai cette sensation absurde et pourtant bien réelle qu'une pellicule vient de m'étreindre, de me masser d'une violente douceur le cœur. Parce que je n'ai pas pu m'empêcher de m'attacher à cet égoïste contrarié, cet altruiste malgré lui aux rêves brisés, debout vaille que vaille, cahin caha, bringuebalant face au destin qui s'acharne... Parce que le sourire mêlé au rire final de James Stewart alors que la clochette tinte...

Pour cette folle chevauchée finale dans cette fausse neige hollywoodienne où ce grand dégingandé reprenant goût à la vie jusqu'à la lie reconnait ces façades familières. Pour ce final tellement improbable et pourtant évident. Pour cette peur en cours de visionnage qu'on m'ait trompé, que ça finisse mal... Pour ce sourire lumineux et tendre, ce regard brillant de Donna Reed...

Certes le monde est gris et la vie brutale. Certes on ressasse ses chagrins, ses occasions manquées. Certes les chemins et croisements ne sont jamais là quand on le souhaite, où on le désire. Certes les trajectoires sont toujours plus mornes que les rêves qui se meurent lentement avec notre jeunesse, qu'on ressasse comme des braises mortes, le tisonnier rageur à la main... Certes la vie chute trop facilement vers la simple survie et à ce moment là, vaut-elle la peine d'être vécue ? A-t-on une vie qui mérite d'exister ?

Oui car La vie est belle est là.

C'est poignant et beau sans être mièvre et dégoulinant. C'est juste ce qu'il faut de frissons pour mieux prendre plaisir à sourire. C'est délicat et fougueux à la fois, foisonnant et parfaitement dosé dans sa narration. C'est sucré juste assez pour réjouir l'âme sans l'écœurer, comme une cuillère de miel dans la tisane un brin amère au coin du feu.

C'est juste superbe et j'ai déjà envie de revoir.