La passion de l'art

Kirk Douglas est Vincent Van Gogh dans une biographie dramatique consacrée au célèbre peintre tourmenté, pionnier de l'Expressionnisme.
Mais pas seulement.

Tous les détails de "vie passionnée" du peintre sont présents et représentés dans les moindres détails.
Ses débuts en tant que prédicateur auprès des mineurs, sa relation orageuse et chaotique avec une femme vivant dans la misère, son amitié et ses querelles avec Gaugin, l'auto-mutilation de son oreille dans une crise de folie, son internement dans un asile jusqu'à son morbide suicide à 37 ans.

En dehors d'une biographie sur le peintre, le film est aussi une réflexion sur l'art. Est-ce une simple représentation? Une transmission d'émotion?
Grandes questions qui sont abordées durant les échanges entre Vincent Van Gogh et Paul Gaugin (magistralement interprété par Anthony Quinn qui partagera à nouveau l'écran avec Kirk Douglas dans "Le dernier train de Gun-Hill" trois ans après "La vie passionnée de Vincent Van Gogh") Gaugin voyant l'art comme une chose lisse et ordonnée demandant de la rigueur avant tout et Van Gogh comme une grande émotion de la vie humaine et de la nature terrestre aux humeurs variées selon l'expression des quatre éléments ou des paysages aux millions de couleurs.

Au cours du film, les oeuvres du peintre sont "(re)présentées" dans leurs contextes de création. Ainsi, le spectateur visite un gigantesque musée tout en voyageant dans le passé mais aussi dans la mentalité et la personnalité du peintre dans ses moments de joie, de tristesse, de colère, de détresse et de folie. Comme si le film voulait nous faire partager/ressentir les émotions de ce peintre tourmenté, mort trop tôt, peu connu dans les années 1880-1890; qui n'a pas eu le temps de voir ses oeuvres découvertes par les générations suivantes durant les années 1930 émerveillées par les créations de ses oeuvres emplies d'émotions riches.

Loin de ses films habituels où Kirk Douglas était souvent présenté comme un "bel homme", celui-ci est grimé, enlaidi non seulement pour ressembler à l'idée qu'on se faisait du physique du peintre d'après son autoportrait mais aussi pour représenter un homme ordinaire de tous les jours ayant du mal à gagner sa vie dans une société qui ne glorifie pas sa passion (ici un art nouveau [pour l'époque]) et tente de le conformer à une image convenable de société peu glorieuse.

En dehors de Kirk Douglas et Anthony Quinn, James Donald nous livre un superbe Théo Van Gogh, frère et seul vrai confident de l'artiste qui sait l'écouter tout en lui faisant des reproches (Vincent Van Gogh va même jusqu'à faire un lapsus en appelant Paul Gaugin Théo quand celui-ci lui fait des reproches) créant ainsi, à l'écran, un lien fraternel convaincant mais aussi touchant

Pour finir, je dirai que, plus que la biographie d'un peintre célèbre ayant vraiment existé, ce film est une oeuvre sur l'art et comment chacun peut se l'approprier en y mettant toute son âme.