Comme un manque de naturel

Minnelli se fait en partie avoir par le problème numéro 1 de la grande majorité des biopic : un trop grand respect pour leur sujet. Je filme l'immense Vincent Van Gogh donc j'en fais des caisses. Le film manque de simplicité et de légèreté. Il nous empêche à de trop nombreuses occasions de nous sentir à taille humaine face à cet artiste torturé (d'ailleurs, le film joue trop sur ce cliché : homme incompris, qui ne peut créer que dans la souffrance et en s'approchant toujours plus dangereusement de la folie).

Dans ce film, tout est trop chargé. Les décors, la lumière, la musique et surtout la voix-off qui, ici, insiste continuellement sur les souffrances intérieures du personnage que nous percevons très bien tout seul. Minnelli se sent toujours l'obligation d'en rajouter une couche, d'écrire en gros, du surligner son propos, parce qu'il parle de Van Gogh et que, donc, il faut voir grand ! Ce sont les problèmes et les tourments d'un génie !

Il aurait pourtant fallu filmer bien plus à hauteur d'homme pour que l'on rentre dans son intimité et ainsi comprendre davantage son art. Cela a été très bien par Mike Leigh avec son biopic sur Turner. Il filme le quotidien de ce peintre britannique avec humilité. Pas besoin de sortir les grands moyens parce qu'on aborde la vie d'un grand peintre. Le film semble alors boursouflé, et celui nuit à la performance de Kirk Douglas qui, parfois en fait trop, mais livre dans l'ensemble une brillante interprétation.

Lust for life n'est pas exempt de qualité mais, aujourd'hui, on peut considérer qu'il a plutôt mal vieilli. Les lumières de studio faisant défaut aux qualités des tableaux de Van Gogh.