Il relève sans doute de quelque chose de malsain aujourd'hui dans la volonté d'aller voir un film de Dany Boon au cinéma.
Car il ne faut pas se leurrer : son seul coup d'éclat en tant que réalisateur est bel et bien Bienvenue Chez les Ch'tis, qui a tout de l'heureux accident ou d'un formidable alignement des planètes quand on regarde ce qu'il s'est passé depuis quinze ans.
Pas que ce soit un impérissable, mais au moins sincère et empreint de tendresse pour son sujet.
Depuis lors, il n'y a plus rien à déclarer, sur après un truc comme RAID Dingue, summum du lamentable et du honteux.
C'est d'autant plus dommage qu'en parallèle de ses propres films, Dany Boon continue de nourrir une carrière honorable chez d'autres cinéastes : Encore récemment, Une Belle Course lui fournissait une occasion de briller dans l'ombre d'un rôle principal qui écrasait tout sur son passage.
Malheureusement, La Vie pour de Vrai épouse tous les contours du film de Dany Boon post- Ch'tis, soit une relative bonne idée éclipsée par les habituels défauts d'écriture, les paresses et le simplisme de Dany Boon auteur.
Celui qui joue sur un personnage de candide a priori attachant, mais assez vite gonflant. Sur des situations rocambolesques mais presque jamais crédibles. Sur des bons sentiments souvent encombrants.
C'est que Dany Boon semble se rêver en conteur humaniste. Sauf qu'il est à l'humanisme ce que Patrick Sébastien est à la chanson française. Car il confond innocence et simplisme. Naïveté avec bêtise.
Le spectateur aurait sans doute voulu croire au succès de La Vie pour de Vrai. Mais dès les premières minutes, à l'idée de voir évoluer à l'écran un quinqua qui n'a jamais décollé ni de son Club, ni de son premier amour, ce qu'on aurait pu éprouver d'empathie pour le personnage sera rapidement effacé par des gags lourdingues introduits au chausse-pied, tandis que son histoire d'amour bâtie sur un mensonge ne transpirera aucune vérité sentimentale qui aurait pu attendrir quelque peu.
Et tandis que la dernière ligne droite du film est constellée de grosses ellipses, ou que ce qui sert de tempo comique avec Kad Merad ne prendra jamais vraiment, on pourra se consoler de ce que livre Charlotte Gainsbourg avec bien peu, pourtant, à incarner, à cause de sautes d'écriture au moins criminelles.
Et avoir les larmes aux yeux, aussi, pour les plus émotifs : car avec un postulat voisin, elle illuminait, avec Alain Chabat, un film comme Prête-Moi ta Main, il y a longtemps déjà. Un temps où la comédie romantique, comme la comédie tout court, étaient traitées sans les lourdeurs et paresses d'aujourd'hui.
Soit un temps qui semble à jamais révolu.
Behind_the_Mask, qui hésite entre pêche et pastèque.