Pourquoi les distributeurs français ont encore trouvé moyen de dénaturer le titre du film de Rachel Lambert? Bien que La vie rêvée de Miss Fran souligne la tendance au rêve éveillé du personnage principal, il ne caractérise pas franchement sa teneur morbide clairement annoncée par Sometimes I think of dying ( je pense parfois à mourir).En effet, Fran,quotidiennement insatisfaite de ses rapports avec ses collègues de travail et la plupart du temps solitaire ( car souvent incomprise) , peut songer à la tentation d’être morte au monde sans volonté suicidaire. Le film décrit cet état intérieur ponctuel qu’elle ne peut partager qu’avec elle même au risque de passer socialement pour une folle. Mais Sometimes I think of dying , c’est aussi la remise en question de Fran face à Robert,son nouveau collègue de travail,très différent d’elle dans sa manière d’être et d’envisager ses liens avec les autres, voulant approfondir une intimité avec elle.Il la resocialise aussi et c’est l’invitation chez ses amis où la jeune femme réservée va enfin montrer une vraie part d’elle-même lors d’un jeu de rôles ( aussi déglingué que ses visions d’elle même en gisante). C’est aussi un moment qui va autant la faire réagir que la remuer pour la faire renaître au monde. C’est en cela que le film de Rachel Lambert est paradoxalement beau partagé entre les limbes et la lumière, le silence et le fracas et que l’adéquation du réel et de l’imaginaire de Fran finissent par fusionner pour lui montrer que sa vie est consistante. Cette sortie de bulle, à la fois sobrement et intensément interprétée par Daisy Ridley ( également co-productrice) , a le mérite de montrer le caractère non définitif de la vie où l’espoir s’immisce malgré tout. Même si l’épilogue est assez vite envoyé, cela fut un plaisir d’évoluer dans ce film nullement balisé où l’image subversive et les dialogues qui comptent justifient un équilibre instable remarquable.