Fran est une employée de bureau dans une ville portuaire américaine. Son travail est constitutif de sa vie, qui s'y résume. Un quotidien plat et routinier, dans lequel se glissent de manière impromptue des moments de mort, dans une mise en scène tragique et esthétique.
Tiré d'une pièce de théâtre, qui lui donne son genre épuré, Sometimes I think about dying surprend. Toutefois, le ton léger, presque contemplatif, ne sert pas toujours assez le potentiel du film.
Il faut un petit temps pour s'habituer au rythme très lent, avec peu d'action. Le propos prend forme à l'arrivée de Robert, un nouvel employé. Un début de relation, un soupçon d'histoire romantique commence alors, qui capture en fait avec grande sensibilité non seulement la complexité des relations humaines mais qui interroge en substance ce qui constitue le lien social. Les deux personnages principaux sont interprétés avec beaucoup de conviction et bien travaillés : lui extraverti, avec un passé riche en expériences amoureuses plus ou moins réussies, une personnalité solaire et pleine d'humour. Elle solitaire, mystérieuse, marginale et émotionnellement plutôt maladroite. Un duo fort, qui permet bien de questionner le cœur de la communication et des relations humaines.
Le film fait aussi la part belle à la créativité. Il y a la scène de jeu de rôle tiré du "Loup Garou"; elle permet d'élucider la complexité et complémentarité de Fran et Robert. Il y a surtout le traitement onirique de la mort, sans que ces scènes ne soient pesantes, gênantes ou proprement morbides. Le choix du film d'introduire ces scènes sans prévenir mais avec parcimonie est une touche décalée. Un choix peut être génial mais qui laisse sur sa fin, car elles semblent flotter sur le récit et ne sont que marginalement mises à contribution du récit en lien avec l'histoire qu'à la toute fin.