Le titre original du film de Rachel Lambert, Sometimes i think about dying, n'incite pas franchement à la galéjade. Le fait est que Fran est une jeune femme tendance asociale et morbide, qui avoue ne trouver du plaisir (relatif) que dans son travail, lorsqu'elle a l'occasion de remplir des tableaux Excel (youpi ?). Minimaliste, La vie rêvée de Miss Fran joue sur la répétition et une certaine conception de l'absurdité de l'existence, entre la trivialité des collègues de bureau et le sempiternel plat au micro-ondes du soir. Ce côté plus que mélancolique du film ne surprend pas dans le paysage habituel du cinéma américain indépendant qui le rehausse parfois d'un humour poétique (voir le récent Fremont) bienvenu mais c'est à peine le cas avec Miss Fran ou alors à la marge et jamais loin d'un désespoir bien épais. La ville d'Astoria, en Oregon, à l'embouchure du fleuve Columbia, partage la vedette avec Daisy Ridley (impeccable, dans l'art de ne presque rien exprimer) et son atmosphère, pas très gaie, imprègne généreusement le film. Lequel, évidemment, cherche à ramener son héroïne à la vie, car au bonheur ce serait trop exiger, dans un mouvement quelque peu laborieux mais pas totalement dénué de grâce, à condition d'apprécier les atmosphères méditatives, pour ne pas dire dépressives, où l'amorce d'un sourire est déjà une première victoire.