« La Vie rêvée de Walter Mitty » est un film sympathique, dans l'air du temps en ce qu'il questionne sur le sens de la vie, à travers le récit de l'existence morne et solitaire du héros éponyme, employé au service négatifs du magazine Life. Le magazine en question prône le dépassement de soi, la découverte de nouveaux horizons, une vie vraiment vécue... celle de Walter Mitty est à l'exact opposé : il n'est personne, et la restructuration du magazine n'arrange pas les choses. En effet, une nouvelle équipe arrive aux manettes, notamment un petit chef détestable au possible. Mais Walter a pour particularité d'être un rêveur très imaginatif, et nous assistons à ses rêves éveillés avec bonheur, surtout lorsqu'il s'agit de remettre le chefaillon en question à sa place.
Toutefois, la vie de Walter Mitty semble être condamnée à la vexation et à la frustration... lorsqu'un évènement va tout bouleverser. Sean O'Connell, un reporter star, lui envoie une série de photographies, dont l'une d'entre elles, particulièrement réussie, doit faire la une du dernier numéro papier du magazine, avant qu'il ne devienne exclusivement numérique. Problème : Walter a bien reçu la pellicule, il manque juste une photo... justement celle qui doit faire la couverture ! Or la pression est immense : le nouveau management tient à faire de ce dernier numéro papier un moment exceptionnel, ce doit être l'aboutissement de leur démarche, la réussite du magazine numérique à venir y est directement liée. Mais rien n'y fait, la photo est introuvable...
Walter décide alors de partir à la recherche d'O'Connell, fameux baroudeur qui l'emmènera à sa suite aux quatre coins du monde. L'air de rien, Walter commence alors à mener la vie d'aventures dont il a toujours rêvé. Et l'histoire se finit en beauté, avec une dernière séquence touchante. « La Vie rêvée de Walter Mitty » est ainsi un long métrage cohérent qui réserve même certains passages émouvants, et pose la question de ce qui fait une vie digne de ce nom : que demander de plus ?
Pourtant, devant des qualités certaines, pourquoi ne lui ai-je pas attribué une note plus élevée ? La raison est que du début à la fin, le film baigne dans une sorte de conformisme visuel et scénaristique qui l'empêche de prétendre, à mon sens, au titre de réel chef-d’œuvre, si tant est que ce fut son ambition. La vision de la vie « idéale » qu'il dépeint, faite de voyages façon National Geographic, est presque de l'ordre du cliché et peine à percer derrière la surface de ce qui devient comme une injonction aujourd'hui : si tu n'as pas fait le tour du monde (en parfait touriste la plupart du temps), tu as raté ta vie... Une vision un peu étriquée de l'existence humaine il me semble... Toutefois, je le répète : la fin du film vient lui donner une dimension supplémentaire et enfin cette pincée d'âme qui lui faisait tant défaut tout du long. Et tout compte fait, à défaut de grand film, nous avons affaire ici à un bon long métrage. Je suis tout de même curieux de découvrir la version de 1947, elle-même également tirée de la nouvelle éponyme d'origine !
Critique à retrouver sur mon blog ici.