Adapté d'une nouvelle datant de 1939 de James Thurber, Walter Mitty raconte l'histoire d'un homme qui a depuis longtemps changé l'aiguillage du cours de sa vie au point de se perdre en route. En effet, ancien champion de skate, crète iroquoise sur la tête, Walter (incarné par Ben Stiller) vit la mort de son père comme le tournant de sa vie. A 17 ans, il devient l'homme de la famille, contraint de lâcher ses rêves d'aventures pour devenir the "working bee", enchaînant les petits boulots dans des fast-food avant de devenir responsable du développement photo du magazine Life. Cèdant alors sa place d'artiste de la famille à sa petite soeur.

Walter va donc alors, au détour de sa vie désormais sans surprise, s'inventer une existence rêvée. Son imaginaire tournant à plein régime il va se créer des vies nouvelles, des actes de bravoure et réécrire les dialogues de sa vie réelle. Laquelle il ne vivra donc pas vraiment, passant à côté du vrai pour se plonger de plus en plus dans ses pensées.

Cependant, Walter Mitty n'est pas un loser. Ce n'est pas un raté magnifique que l'on peut aimer dans certains films. Walter est un type normal, un peu seul, bon dans son boulot et apprécié pour ce qu'il fait. Dès le début du film, on sent que c'est son côté rêveur qui est mis en avant. D'ailleurs, très vite, son passé fait de lui quelqu'un d'intéressant et de riche, qui a juste fait un choix ayant changé radicalement son mode de vie.

Le film démarre lorsque le magazine Life prend un virage serré dans son histoire : passer au tout numérique et éditer son dernier numéro. Celui-ci se doit d'être mémorable et le photographe star du magazine a choisi sa photo de couverture, censée représenter la quintessence même de la vie. Lui seul sait ce que représente ce cliché mais malheureusement le négatif est perdu...

Walter Mitty va donc devoir retrouver le photographe pour mettre la main sur ce négatif n°25, pièce maîtresse du glorieux adieu de Life à l'Amérique. Et pour cela, il devra vivre son aventure...pour de vrai.

Entre Groenland, Island et New-York, Ben Stiller nous offre une mise en scène de haute volée, magnifiant des décors naturels d'une beauté à couper le souffle et écrivant l'une des plus belles déclarations d'amour à l'imaginaire jamais vues au cinéma. Les premières minutes sont tout à fait jouissives dès lors qu'apparaît la première "déconnection" de Walter sautant d'un pont pour sauver un chien des flammes et ajoutant au passage deux trois blagues stilleriennes fendardes.

Aidé par une bande-son entraînante et bien utilisée, le film semble être un véritable terrain de jeu pour Stiller qui utilise toute l'image pour faire passer son propos, usant de la technique pour écrire dans le ciel ou dessiner avec des oiseaux. Loin d'être une comédie bouffonne, il fait tout de même rire assez souvent, par des gags de situations sympathiques et une galerie de personnages triés sur le volet, Adam Scott en tête et sa barbe tout à fait hallucinante.

Avec quelques moments de grâce et autres fulgurances, le film est donc un réservoir à sourires. Cependant, il suit rapidement l'impitoyable destin des films "qui sont bien mais...". En effet, sur une idée de base royale et un traitement des plus jolis, Stiller n'arrive pas à décoller réellement, et ce malgré une scène d'hélico-bowie qui m'a foutu une larme.

Il manque au film sa petite étincelle pour briller encore plus fort et remporter le coeur. L'histoire, bien qu'intéressante, perd rapidement de son souffle du fait d'un suspens qui s'évapore rapidement tant le dénouement se devine une demi-heure en avance.
Il n'y a donc plus d'intrigue à suivre et on ne fait que profiter du spectacle, englobé d'une naïveté un brin décevante et prenant fin sur une morale assez simpliste et tout à fait attendue.

C'est donc cela qui est un peu dommage. On souhaiterait beaucoup plus à ce film au potentiel énorme et cela fruste d'autant plus. D'où mon petit coeur à côté de ma note car oui, il faut voir Walter Mitty car, même s'il n'est pas parfait, il possède la qualité rare de nous transporter dans un imaginaire sans borne, à l'image d'un Michel Gondry par exemple.

Il nous rappelle de s'évader et de se raconter des histoires à chaque fois qu'on le peut tout en gardant en tête que la meilleure histoire du monde perdra à jamais son sens si elle n'est pas partagée.
Before-Sunrise
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le 4 janv. 2014

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Before-Sunrise

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