Deux choses préoccupent Walter Mitty et chatouillent sa vie ultra ordinaire, ses finances et une collègue de boulot (qui n'en est pas vraiment une). A l'image du piano, la sœur et la mère sont imposantes. Elles interfèrent dans ce quotidien où notre rêveur arrive à s'échapper par des moments d'absence. Enfermé dans sa routine insipide il laisse sa relation avec Cheryl à son imagination. Mais en un clic Walter Mitty décide pourtant rapidement de donner un sens à sa vie. Un choix (d'abord vain) qui va remplir les pages blanches et apporter de l'authenticité à ses relations.
Si il était réellement quelconque Mr Mitty aurait probablement accepté comme une fatalité le tragique destin lié au magazine. Le découragement serait de mise pour beaucoup. Comme dans une traditionnelle comédie-romantique la première approche n'est pas encourageante. Porté par ses envolées spéciales il trouve la soif de vie nécessaire pour accepter le combat de Life.
Cheryl commence par être une simple connaissance très éloignée. La liaison n'est qu'onirique et même les échanges virtuels électroniques échouent. Le destin va créer peu à peu une vrai rencontre. Le contexte de ce croisement n'est pas vraiment prometteur.
Le profil eHarmony et le vide des cases "j'ai vu", "j'ai fait" explique le manque d’intérêt que peu suscité le personnage de Ben Stiller. Il n’apparaît pas comme quelqu'un de vivant. Cela ressort aussi de son allure. Chemise-cravate serrée et rasage de près. Le changement est évident quand il finit barbu, décoiffé et débraillé. Beaucoup moins paumé, franchement plus ouvert et d'avantage droit dans ses bottes. Son périple va lui apporter le courage de sortir vers l'inconnu.
Toujours dans la lune pour s'échapper de l'ennui de sa réalité, son nouveau patron fait de lui son bouc émissaire. Il le surnomme Major Tom, rapport à la chanson de David Bowie. Véritable hymne du film Space Oddity, aurait tout aussi pu titrer cet article que la chanson d'Iggy Pop. Son interprétation (philosophique et musicale) par Kristen Wiig donne une scène magnifique. Un choix musical en accord parfait avec l'odyssée spéciale racontée.
Face au constat du gouffre qui est au bout du chemin qu'il suit, Walter change de voie. Il fonce dans un jeu de piste qui va (presque) tout changer. La recherche d'un simple négatif qui va prendre une ampleur disproportionnée. Derrière cette photo semble ce cacher toute les solutions, elle devient le Graal. L'aventure de Mitty est une grande fantaisie digne de ses rêveries, pourtant elle est bien réelle. Jamais mis en doute, l'improbable de ce récit est excessif. Une surenchère de mélange de fantastique et de burlesque assez amusante mais sans autre grand intérêt.
Dans cette partie excursion le scénario est surtout intéressant dans son travaille énigmatique. De gros raccourcis et des facilités déconcertantes dans le tracé du parcours. Un récit très téléphoné dans ses moindres aboutissements. Avec des indices très clairs on devine vite où est la photo et même ce qu'on y verra. L'histoire d'amour utilise les codes traditionnels de la romance. Un peu convenu. Les petits signaux sont tout de même bien placés et la ligne reste fidèle jusqu'à la fin. Pas déplaisant de ne pas être pris à contre-pied et d'être conforté dans sa lecture des images et des mots clés. Parfait avec plus de subtilité.
Dans l'écriture une place immense est laissée aux objets. Tellement montrés qu'ils ont tous forcement une symbolique, une importance dans le récit. C'est parfois très clair : Les photos, le portefeuille, le gâteau, le carnet de compte; d'autres fois plus trouble : le bonhomme élastique, le skate, l'enseigne Papa John. La paternité ressort évidemment de ces trois derniers mais l'idée n'est pas élaborée, dommage.
Une fois le périple accomplit, Walter Mitty ne change pas le monde mais donne un second souffle à sa vie. Sa famille d'abord encombrante (frais, piano, venues impromptues) devient un soutient pour lui. La vente de l'instrument en est l'image concrète qui appuie des échanges plus affectifs. Enfin le frère évoque sa sœur et son spectacle. Sa prestance est le vrai Graal ramené de sa quête. Si la toute dernière idée du film met en image la naissance d'un Walter imposant, le retour au siège de Life lançait les premiers éclairs. Évidemment le changement opère sur ses ambitions amoureuses.
Cela aurait pu devenir une publicité de deux heures pour le célèbre magazine. Le propos et l'utilisation de cet outil sont finalement très honnêtes. C'est même le reflet d'une société trop vite modernisée qui montre les travers de la presse informatique. C'est intéressant de découvrir les coulisses de feu Life.
Comédie-romantique plutôt amusante dans son extravagance et touchante par son protagoniste fabuleusement paumé. Kristen Wiig est sérieusement radieuse, elle qui a tant fait rire dans Saturday Night Live. Sean Penn admirable. Intrigue prévisible mais convenant dans sa tenue et sa franchise.