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Johnnie To. Son sens du rythme, nerveux, roublard, si cinématographique. Son goût pour les sujets de société allié à son sens de la survie commerciale. Je t'aime.

Et ce coup-ci, tu fais un film inspiré par la crise des subprimes, qui critique la soif immodérée d'argent. Un récit mutliphonique, qui suit trois protagonistes, avec entre chaque chapitre un travelling latéral à travers les grues du port de Hong sur une musique qui fait "Double six", ironiquement (ton tropisme pour les comédies musicales françaises).

On suit donc une employée de banque qui doit fourguer des produits financiers pourris si elle ne veut pas se faire renvoyer. Elle encaisse la rebuffade d'un usurier lubrique. Elle arrive à embobiner une vieille dame (chouette scène où la dame, devant l'enregistrement, répète comme un robot "Je comprends parfaitement). L'usurier doit faire en catastrophe un retraite de 10 millions de HK$ : frustrée, la jeune femme en carotte 5. Tant mieux pour elle, car l'homme se fait tuer dans le parking souterrain.
Puis on suit Panther, un homme de main qui travaille pour Wah, un petit caïd qui ne fait que des bêtises. Homme de principe, Panther fait le tour de ses relations pour payer la caution de Wah, qui est aussitôt repris. Il tombe sur un ancien penyou qui s'est mis à la finance. Mais ils sont ruinés, et doivent faire appel à l'usurier. Ce dernier est attaqué dans le parking souterrain : Panther, témoin de la scène, carotte les 5 millions restants. Rattrapés par un parrain dont ils ont paumé l'argent car c'est la crise liée à la dette grecque, Panther joue à la hausse et gagne contre toute attente. HYpnotisé par les chiffres, il laisse mourir son camarade qui agonise dans la rue.
Enfin, on suit un inspecteur de police dont la femme veut un appartement très cher et qui se ramasse la fille de son beau-frère en phase terminale de cancer. Sa femme songe à contracter un prêt sans son avis, heureusement la crise paralyse tout. Il réchappe d'un ascenseur dans lequel il est enfermé avec un forcené sans travail accroché à une bonbonne de gaz.

Le montage est léché, les personnages sont traités sur le mode de la comédie aigre : Panther, qui n'entend rien à la bourse mais croit que ça ressemble au bacarrat, est un personnage bouffon, tandis que la froide employée de banque élégante, aux gestes parfaitement minutés et à la frustration palpable, est digne d'un film de Michael Haneke. Et Dieu merci, on a tout de même notre dose minimum de rues de HK la nuit, de bruit étouffé de trafic, de bandes "Do not cross" et de restaurant dans lequel on fête l'anniversaire du parrain.

Johnnie To est old school. Pas de numérique, juste une direction d'acteurs millimétrée (pas toujours originale, mais parfaitement maîtrisée) et des mouvements de caméra élégants et dynamiques. Encore merci à lui.
zardoz6704
8
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le 30 mai 2014

Modifiée

le 1 juin 2014

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zardoz6704

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