Il y a parfois des petits miracles dans les bacs des soldeurs. Sur sa pochette, La vie sur l'eau est présenté comme un aimable conte iranien. Il n'empêche que l'opus n'a jamais été projeté en Iran et c'est sans doute tant mieux pour Mohamad Rasoulof qui a été emprisonné en même temps que Jafar Panahi (Le Cercle) en mars 2010 et qui a été libéré après trois semaines. Panahi, dont les films ont été diffusés en Iran, croupit pour encore quelques années dans la sinistre geôle d'Evin. En effet, La vie sur l'eau n'a rien, mais vraiment rien d'une histoire anodine et superficielle. Je me suis demandé tout au long de la projection de quoi cette fable était la métaphore. De la société iranienne, de la dictature en général, du monde dans lequel nous vivons ? La réponse, je crois, se trouve à la première seconde du film où il est écrit: Au nom de Dieu. Le ton est donné: il faut regarder chaque plan de ce film aux rayons X parce que tout y est signifiant : le bateau, son capitaine, l'aveugle qui attend de voir quelque chose, l'instituteur aux visions prémonitoires et dont la salle de classe finira par être occupée par deux ânes. Le garçon handicapé qui fait le cerbère de l'ascenseur, Et bien sûr, surtout même, l'enfant-poisson, le seul qui, au fond de la cale, voit le vrai et fait ce qui est juste. Et personne d'autre que lui n'en réchappera. Tout cela avec une cinématographie superbe, des acteurs non professionnels qui ont une pêche pas possible. Il est urgent de réhabiliter La vie sur l'eau, critique impitoyable de l'Islam et, par extension, de toutes les religions.
On le trouve à moins de 1 euro dans les sites de revente. Sans doute le meilleur investissement que l'on puisse faire.