Que je le veuille ou non, j'ai toujours eu un léger faible pour les films français. D'une façon quasiment inconsciente, voire même un peu inavouée. Il faut bien admettre que c'est un peu tarte d'aimer les films français quand on est cinéphile et qu'on veut être bien vu.
Les films français, c'est souvent du blabla, du chabadabada, du noir et blanc qui chatouille les mouches (pas envie d'être vulgaire ce soir). Ou alors le film français c'est le rire gras, un peu chauvin, un poil raciste, made in TF1.
C'est un fait, il y des bons films français, souvent des comédies, qu'on regarde en boucle, de préférence à Noël. Il y a des très bons films français lorsqu'on se penche sur une époque révolue où naissaient des chefs d'oeuvre avec Gabin, Lino et Simone (cf "Voyage à travers le cinéma français" de Tavernier).
Mais moi, ce que j'aime, c'est les films français de maintenant. J'en regarde en cachette, les dimanches matins. J'aime bien les "ptits films", ceux qui parlent du quotidien et les moins ptits aussi. Parfois c'est nul, je le concède, mais parfois c'est grandiose.
On est peut-être mauvais en films de super-héros, on n'est peut-être pas doués en thriller psychologiques ou en action-movies qui crissent des pneus, mais y'a de bons films français qui parlent des gens.
Sans blabla.
Sans Chabadabada.
Pourquoi La Vie très Privée de Monsieur Sim est un (très) bon film ? En effet, il a été noté par moins de 1000 personnes sur ce site et récolte une moyenne globale de 6,1/10. Ce qui est bien, mais pas top. Mais pourquoi diantre je m'évertue à penser que c'est un très bon film ?
Est-ce parce que je l'ai vu au bon moment ? Est-ce parce que c'est un film français justement ?
Peut-être est-ce plutôt parce que Bacri n'a jamais été aussi bon qu'en François Sim. C'est très probablement parce que les 15 premières minutes sont d'une jouissance extraordinaire, de drôlerie, d'inventivité, de simplicité et de respect pour son personnage.
L'histoire de monsieur Sim est presque irracontable car elle ne peut avoir de bon pitch et on ne connaît jamais la fin, sauf à la fin. Mais l'histoire est très belle, très douce. Elle nous prend à contre-pied, elle nous caresse les zygomatiques tout en titillant les lacrymales.
Ceux qui commencent à me connaître ici, savent que j'adore quand un film me fait les deux. Rire ou pleurer, pourquoi choisir ? C'est pas pour rien que dernièrement mes films français préférés sont Rosalie Blum et Nous Trois ou Rien. C'est du caviar de caresses et de titillements.
"Tout cela reste donc très personnel" me direz-vous !
Mais tout à fait, certes.
Je ne suis pas critique moi. Je suis cinéphile. J'aime les films non pas parce qu'ils sont découpés comme ci, ou montés comme ça. Je les aime parce qu'ils m'emportent dans un histoire, parce qu'ils me font rencontrer des personnages extraordinaires !
Et j'aime particulièrement ceux que font tout ça de manière un peu plus originale que les autres. J'aime que les cinéastes prennent le stylo avant d'empoigner la caméra.
Monsieur Sim est un film intelligent et beau. Pour moi c'est suffisant, ça essuie les petits défauts, ça les transcende même. On en a déjà vu des films de mecs paumés, la cinquantaine bien tassée, qui traînent un handicap relationel comme un fantôme son boulet. Oh oui, on a vu...
Je ne sais pas ce qui fait pencher la balance : les dialogues, la délicatesse des quelques flash back, les non dits, les trop dits, la campagne française, la neige, les brosses à dents ou l'Auto-grill peut-être...
Ce qui me semble certain, et maintenant c'est à vous d'en juger, c'est que La Vie très Privée de monsieur Sim est vraiment un très bon film (français).