La vierge à l'enfant, premier long-métrage de fiction de Binevsa Berivan, défie à peu près toute critique; à partir du moment à ce qu'a vécu son héroïne est une barbarie sans nom, dont elle porte encore les stigmates sur le corps, et que personne ne peut comprendre tout à fait s'il n'est pas passé par ces atroces épreuves. La douleur, la colère et la haine sont contenues dans le regard noir d'Avesta, victime de Daech, et dans son expression longtemps mutique. Son ventre de future mère témoigne de ce que cette femme kurde yézidie a subi et la question est de savoir comment elle va considérer cet enfant, né de l'horreur. Le film traite son sujet avec réalisme et ne cherche jamais à alléger le fardeau de cette histoire, située dans un centre d'accueil à Bruxelles. Le spectateur, lui, reste à sa place, jamais aussi passif que dans un film où il ne peut ressentir que de la compassion, à défaut d'une compréhension réelle des tourments qui agitent l'âme dévastée d'Avesta. Quoi qu'elle fasse, qui sommes-nous pour juger de ses faits et gestes ? Ce sont les limites d'un film qui ne procure évidemment aucun plaisir et qui aurait peut-être eu plus de poids dans le cadre d'un véritable documentaire. L'interprétation de Hévin Tekin est impressionnante, certes, mais elle ne remplacera jamais les paroles d'une rescapée de l'enfer.

Cinephile-doux
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films inédits en salles à voir (ou pas)

Créée

le 21 oct. 2024

Critique lue 12 fois

1 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 12 fois

1

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

71 j'aime

13