Le trésor de la Sierra Madre II : le retour!

L'année 1948 semble être l'année de la soif de l'or! Difficile en effet de ne pas faire le rapprochement avec l'excellent film de John Huston sorti quelques mois auparavant...Ici, le scénario intense et étouffant de Lamar Trotti ( Sur la piste des Mohawks, L'étrange incident...) qui obtiendra le prix du meilleur scénario de film de Western décerné par la Writers Guild of America, se marie parfaitement avec la mise en scène sobre et esthétique de William A Wellman le tout magnifié par la photographie en noir et blanc exceptionnelle (et je pèse mes mots) de Joe MacDonald! Franchement, c'est sans doute esthétiquement le plus beau western en noir et blanc que j'ai vu!


Et qu'est-ce que ça nous raconte tout ça? Juste un groupe de 6 quidams, plus ou moins fréquentables, isolés dans une ville fantôme et qui vont nous montrer qu'il n'y a rien de plus beau et émouvant qu'une belle amitié virile de derrière les fagots! Et rajoutez en plein milieu de ce groupe une sacrée gonzesse et une mine d'or et vous verrez toujours qu'il n'y a rien de plus beau et émouvant qu'une belle amitié virile de derrière les fagots.....ou presque! Concupiscence, jalousie, tension, traîtrise, orgueil, lutte de pouvoir....voilà le cocktail explosif que nous réserve le scénario de Trotti qui comme ça, au premier abord, ne paye pas....mine!


Niveau interprétation, du lourd, du très lourd! D'habitude, Wellman aime nous proposer des groupes traités de façon homogène, sans que personne ne sorte forcément du lot, pas de héros en quelque sorte. C'est un peu moins vrai du fait de la présence de Gregory Peck dans le rôle de Stretch: quand on a un acteur de cette classe, c'est logiquement tentant de le mettre en avant! Personnellement, plus je découvre sa filmographie, plus j'apprécie cet acteur! La grosse découverte du film c'est l'incroyable Richard Widmark qui crève l'écran pour sa seconde apparition après Le carrefour de la mort d'Henry Hattaway l'année précédente! Avec sa bonne tête à prendre des beignes, il excellera dans les rôle de méchants (mais pas que..) et deviendra un acteur marquant du genre western! Il est parfait ici dans le rôle de Dude qui finira par s'opposer à Stretch! Belle rivalité! Et pour mettre un peu de douceur parmi toute cette testostérone, l'excellentissime et trop souvent sous-estimée Anne Baxter qui interprète la jolie Mike, un sacré bout de femme qui possède un sacré caractère et n'a pas sa langue dans sa poche! Il en faut plus que six lourdauds puant la sueur pour l'impressionner! Le tout est entouré de seconds rôles au niveau du film avec une mention spéciale pour Charles Kemper qui apporte tout de même une petite touche d'humour!


Quatre ans après le modeste Buffalo Bill, Wellman nous offre un retour gagnant dans le western avec cette histoire flirtant allégrement avec le film noir! Une étude fine et pertinente du genre humain, qui, si elle n'atteint pas l'excellence de L'étrange incident, s'en rapproche beaucoup quand même!
Le seul petit bémol reste une fin qui justement me laisse sur ma faim et que je trouve pas spécialement convaincante!

Créée

le 16 avr. 2021

Critique lue 276 fois

16 j'aime

3 commentaires

Kowalski

Écrit par

Critique lue 276 fois

16
3

D'autres avis sur La Ville abandonnée

La Ville abandonnée
Pruneau
8

Wellman ? Où est Mann ?

Décidément Wellman est en train de devenir un de mes cinéastes préférés. Pas étonnant quand on sait si bien raconter une histoire et si bien filmer. La Ville abandonnée (Yellow Sky en VO, c'est plus...

le 11 janv. 2012

33 j'aime

17

La Ville abandonnée
drélium
8

Last sunset on yellow sky

Excellentissime. C'est ténu de noter un bon western quand même... Prenez par exemple "El perdido" découvert juste avant, objectivement pas toujours léger dans son approche, pas mal salopé par le...

le 29 juil. 2013

26 j'aime

15

La Ville abandonnée
Ugly
7

Yellow Sky, une ville en ruines

C'est un western assez âpre, tendu et étrange avec son décor désolé en plein désert de sel, où Wellman réussit à transcender un scénario très stéréotypé et banal, en le transformant en une sorte de...

Par

le 22 févr. 2018

18 j'aime

4

Du même critique

Charlie Hebdo
Kowalski
10

Vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde!

Les avis c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un! Et un fois n'est pas coutume, je sors de ma réserve habituelle sur tout sujet concernant l'actualité politique et la marche du monde...

le 8 janv. 2015

137 j'aime

62

Pusher II - Du sang sur les mains
Kowalski
9

Tuer le père!

Deuxième volet de la trilogie, "Du sang sur les mains" arrive à se hisser au niveau de Pusher, ce qui n'était pas une mince affaire. Ce coup-ci, on suit Tony (oui oui, celui qui avait...

le 15 sept. 2012

82 j'aime

16

L'Inspecteur Harry
Kowalski
8

Scorpio , Harry, même combat?!

Le voilà donc, l'objet du délit! Ce film qui, bien aidé par la plume redoutable de la journaliste Pauline Kael, fait passer Eastwood de héros de l'ouest à jeune con violent, réac et même carrément...

le 8 mai 2013

80 j'aime

15