La situation est posée dès les premières images. On devine alors que La visita sera un film d'ambiance à l'atmosphère lourde et silencieuse dont le travail formel accentue les zones d'ombre.
Nous sommes à la campagne dans une grande maison au sein de laquelle cohabitent une famille bourgeoise et ses employées, tous formant une communauté vivant en vase clos. À la mort de son mari (reposant en uniforme dans son cercueil), la domestique Coya reçoit la visite attendue de son fils devenant fille, la taiseuse Elena.
Récit de croisements, de frôlements et de drames tus à la trame distendue, La visita raconte par défaut, montre à peine, dessinant progressivement des portraits de solitudes. On échange peu, on ne dit pas, on évite les drames. Mis en avant, les personnages féminins portent le poids de traditions pesantes et empesées tandis que les rares figures masculines font office d'étrangers.
Au cœur du film, la relation entre Coya et Elena évolue lentement, les liens se tissant à nouveau, l'amour faisant finalement le lien. Les dernières images apportent alors la respiration salvatrice, comme si quelqu'un, enfin, ouvrait une fenêtre.
Œuvre singulière pas totalement aboutie, le premier long métrage de Mauricio Lopez Fernandez témoigne de la belle vitalité du cinéma chilien contemporain.