La fanfare de la police d'Alexandrie se retrouve dans un trou perdu du désert israélien, simplement parce qu'un de ses membres a confondu Petah Tikva et Beit Hatikva. Un quiproquo qui pourrait être anodin s'il n'avait pour conséquence de nous permettre de savourer ce très beau film, à la fois hilarant et émouvant, subtil et burlesque.

Une erreur qui est assez significative du film lui-même, dont le propos est centré en grande partie sur l'incompréhension. Incompréhension entre ces Egyptiens et les autochtones israéliens. Incompréhension qui passe par tout un jeu sur les regards, les expressions, les gestes et les silences. Une incompréhension lourde de symboles politiques, bien évidemment, mais la force du film est de ne jamais appuyer sur cet aspect particulier. Bien au contraire, La Visite de la fanfare va insister sur ce qui va rapprocher ces personnes. Car les personnages, loin de s'arrêter à ces difficultés, ne vont pas hésiter à communiquer, par tous les moyens possibles. Cela va passer par l'usage de l'anglais, mais aussi par des principes universels : l'attirance pour une fille, la musique, etc. Ainsi, chaque fois que Simon joue de sa clarinette, il enchante le monde autour de lui. La mélancolie de son concerto inachevé est évidente pour tous, et la scène où il trouve la solution à son problème dans une chambre d'enfant est tout simplement magnifique.
Outre l'incompréhension, le film passe par une série de thèmes récurrents subtilement traités. Un des plus flagrants est le thème de l'attente. Tout le monde semble attendre quelque chose, depuis la fanfare qui attend d'être accueillie dans la ville jusqu'à cet homme qui attend à côté d'une cabine un coup de téléphone de sa chérie. L'attente la plus émouvante est sûrement celle de Dina, qui attend tout simplement d'avoir une vie digne de ce nom.
Car Beit Hatikva, c'est un patelin paumé dans lequel la vie doit être difficile, vu qu'il ne se passe strictement rien. La caméra ne cesse de nous en montrer les rues vides et poussiéreuses et l'absence absolue de vie. Et dans un tel lieu, la superbe Dina fait figure de fleur attendant d'être fanée. L'arrivée de la fanfare lui donne un semblant de vie, le temps d'une soirée. Mais à la fin, elle a tant de mal à retenir ses larmes qu'on comprend facilement la peur qu'elle a de retourner à son absence de vie.

Le tout passe par une réalisation qui cherche à tout prix à éviter toute lourdeur. Très inspirée par Tati et Kaurismaki, la mise en scène est très statique, très visuelle et se base sur des plans très construits. Avec pour but de créer un humour burlesque parfois déroutant, un humour à froid qui nous réserve des scènes irrésistibles, en tête desquelles se trouve une séquence absolument hilarante dans une discothèque.
Là où le film est très bon, c'est qu'il ne cherche pas à faire de l'humour à tout prix. Ainsi, aucun personnage n'est ridicule. Bien au contraire, entre les scènes comiques se glissent de très belles séquences d'émotion. J'ai apprécié en particulier les scènes qui unissent Toufik, le sévère et rigide chef de la fanfare, et la superbe Dina (Ronti Elkabtez, dont je suis secrètement amoureux : elle est sublime, aussi bien en jean que dans sa robe de soirée).
En bref, un très beau film, qui assume ses références sans les copier et qui nous permet de passer un moment sensible, drôle et émouvant.
SanFelice
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le 8 oct. 2013

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