"Beau comme la rencontre fortuite d'un parapluie et d'une machine à coudre (...)"

Les rencontres les plus belles ne se sont pas millimétrées, prévues et grandioses, elles se font souvent dans des rues sombres, au moment où tout espoir semble avoir disparu. Une belle rencontre ça se joue de contrastes, présents à chaque image de ce film, jouant parfois du burlesque, parfois de la poésie. Une fanfare de la police égyptienne débarque au milieu d'un village néant où les villageois attendent que rien ne se passe.

Ils sont tous un peu gauches, un peu perdus et ils vont, en se dispersant dans le village vivre une belle aventure. Des moments qui se passent de mots, où les regards gênés s'enchaînent. Les trouvailles sont grandes et nombreuses sont les scènes qui restent mémorables: comme apprendre par mime à un homme à consoler une fille triste (la scène est plus que magnifique), jouer un concerto qui n'est pas fini à des gens qui n'écoutent pas vraiment, ou encore discuter dans un parc qui ne ressemble pas à un parc, attendre que sa petite copine téléphone à côté d'une cabine téléphonique ...

Le film derrière son côté burlesque assumé, jouant du contraste entre le lieu et les thèmes abordés: des costumes bleus au milieu du restaurant miteux, aux discours parfois emprunts de poésie dans une petite ville perdue, le film distille sans qu'on s'en rende compte tout autant l'humilité que de la mélancolie, une belle leçon de savoir vivre. Même s'ils ne se comprennent pas forcément, ils réussissent tous à passer un moment ensemble, à emporter un petit bout de l'autre avec soi... Et alors, c'est l'espoir qui apparaît, celui qui arrive quand on espérait une vie qu'on ne vivait pas jusqu'à découvrir que la beauté est partout mais surtout là où on ne l'attend pas ... Que c'est beau la différence, comme la mendiante des livres de Duras, on voudrait nous aussi trouver "une indication pour (se) perdre" et se retrouver là où les regards deviennent des provocateurs de cinéma, celui qui va vers les êtres non pour les sonder mais les admirer, aller simplement à leur rencontre sans préjugés ...
eloch

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