La Voie de la Justice fait parti de ses films un peu plus grand que le simple cadre de l'écran et du cinéma. Des films qui pointent du doigt les dysfonctionnements de notre monde et réhabilite par la fiction des combats et des hommes luttant pour un peu plus de justice. Le film de Destin Daniel Cretton existe bien plus par la puissance de ce qu'il nous raconte que par la manière dont il le fait comme si le réalisateur avait voulu se poser bien plus en témoin qu'en réalisateur face au récit édifiant du combat de son héros. Destin Daniel Cretton filme juste mais La Voie de la Justice manque parfois de l'ampleur et du souffle qui font les chef d'œuvres.
La Voie de la Justice raconte l'histoire vraie de Bryan Stevenson un brillant avocat issus de Harvard qui décide d'aller défendre en Alabama des condamnés qui croupissent en prison ou attendent dans le couloir de la mort après des procès bâclés, tronqués et orientés par des préjugés racistes et sociaux. Avec l'aide d'une militante sociale le jeune avocat tente de faire innocenter Walter McMilian condamné à mort pour le meurtre d'une jeune fille de 18 ans.
La Voie de la Justice est un récit fort et prenant qui vous attrape dès les premières minutes pour ne plus vous lâcher jusqu'à ses nombreux rebondissements lors d'un dénouement final qui vous fera passer par de nombreuses émotions contradictoires entre joie, tristesse, espoir et colère. Le film est essentiellement porté par la puissance de son récit, ses comédiens et ce qu'il porte en lui de colère, d'avertissement et de révolte. La Voie de la Justice est un drame puissant qui montre et condamne une justice qui n'en est plus une, accusant par paresse, par préjugés et par habitudes des citoyens dont les origines sociales et la couleur de peau ont gravés coupable sur leurs fronts. Le film de Destin Daniel Cretton est le récit édifiants d'erreurs judiciaires trop souvent dictées par des relents nauséabonds de la ségrégation raciale. Mais plus encore que d'erreur judiciaire ( pour quiconque se trompe vraiment l'erreur est humaine ma brave dame !) le film dénonce un système dans lequel on fabrique de toutes pièces et en parfaite connaissance des choses des injustices jusqu'à se persuader que des mensonges peuvent faire office de vérités. Le film provoque souvent la colère et l'émotion du spectateur réveillant les consciences en alertant sur un système judiciaire à deux vitesse d'autant plus dangereux qu'il exerce ses verdicts à l'ombre de mises à mort. Après je ne suis pas certain que le film ne prêche pas que les convaincus d'avance, mais c'est un vaste débat. La colère se fera émotion lorsque le combat laisse place à la compassion lors d'une scène de mise à mort filmé avec froideur, recul et sans emphase par Destin Daniel Cretton visiblement conscient qu'il devait lui aussi accompagner sans trop en faire son personnage avec une dignité dont n'auront jamais fait preuve ceux qui l'auront conduit jusqu'à la chaise électrique.
Le casting de La Voie de la Justice est carré et solide avec en tête d'affiche Michael B Jordan et Jamie Foxx absolument formidable en homme brisé et résigné reprenant doucement goût à la vie devant le simple espoir de justice. Totalement en retrait mais toujours parfaitement juste Brie Larson s'offre un jolie second rôle en militante combative et déterminée. On notera aussi la touchante interprétation de Rob Morgan dans le rôle de Hervert Richardson et la délicieusement détestable composition de Michael Harding en sheriff de ce bien triste western. Même si je peux comprendre que le réalisateur Destin Daniel Cretton ai voulu partiellement se fondre et se mettre au service de la puissance de son récit je trouve tout de même sa mise en scène un peu trop rigide et académique empêchant trop souvent à mon sens le film de vraiment décoller vers des sommets d'émotions et de rage que l'on pouvait espérer.
La Voie de la Justice reste un grand film important et nécessaire bien plus pour ce qu'il apporte à la justice sociale que ce qu'il laissera au panthéon du cinéma militant. Même si les enjeux sont loin d'être les mêmes et que la comparaison est je vous l'accorde un peu bancale ; Il convient de ne pas juger un homme sur sa couleur de peau et ses origines tout comme il convient de ne pas juger un film uniquement sur ses louables et belles intentions. Verdict après moults délibérations 07,5/10