J’ai trouvé ce film faux et bourré de clichés (ce qui correspond certes à ce à quoi je m’attendais en allant le voir). Il s’agit d’un récit d’ascension sociale comme l’époque les aime tant - en témoigne le succès des livres d’Edouard Louis, pour ne citer que lui - cette fois arrangé à la sauce MPSI.
On a droit pour commencer à la scène vue et revue du prof de terminale qui suggère à la jeune Sophie de postuler pour une classe prépa sur Parcoursup (orientation à laquelle elle n’avait jamais pensé), parce qu’elle a « un don en maths ». Ça on nous l’a bien montré dans la scène où elle résout l’exo de maths sous le regard ébahi de ses camarades (subtilité bonjour…). Puis vient la scène absolument clichesque du prof qui rencontre les parents à la ferme pour les convaincre de la laisser aller en prépa, parce qu’elle est un génie des maths vous comprenez.
Ensuite Sophie arrive en prépa et déchante rapidement car elle passe de première de la classe en maths à… sinon dernière, très bas dans le classement. Et ce, alors qu’on la voit travailler comme une dingue. Elle parvient néanmoins à redresser lentement la pente, notamment grâce à l’aide de sa voisine de chambre Diane, beaucoup plus douée.
Deuxième cliché qui m’a exaspérée, c’est la scène de dîner chez Hadrien, un camarade de 2ème année. Les réalisateurs ont voulu nous montrer que la famille d’Hadrien est bourgeoise et pour ça ils n’ont pas lésiné sur les moyens : on a la peinture de l’ancêtre dans le salon, les boiseries, le mobilier ancien, la musique classique en fond pendant le repas, ça parle de politique et de gros sous à table et ça finit en louange gênée et maladroite de la diversité sociale quand Sophie indique ce que font ses parents dans la vie. Bingo. Je n’ai pas cru une seule seconde à la réalité de cette famille tant leur portrait accumule les clichés.
Ensuite j’ai trouvé très dommage que l’année de Sophie à la fac ne soit pas plus montrée (on a droit à un plan d’elle en amphi et c’est tout), alors qu’il y aurait pu avoir des différences intéressantes à relever. La temporalité du film m’a parue bancale à cause de cette 2ème année expédiée en vitesse.
Dernière chose qui m’a profondément agacée, c’est le discours gnan-gnan et complètement inepte politiquement de Sophie. Au bout de deux ans elle finit par dire que si elle veut intégrer Polytechnique, c’est pour changer le monde en bien, pas comme Bernard Arnault ou Patrick Drahi… Il aurait pourtant été intéressant de creuser un peu plus cette idée fixe, de savoir ce qui la fascine tant dans cette école. L’aspect militaire, l’occasion de quitter son milieu de bouseux prolos et accéder au monde de ses camarades bourgeois? Pourquoi ne pas distiller un peu le trouble sur ses motivations profondes ? A la place on a un personnage à la morale immaculée, dommage.
Si le film effleure quelques thèmes comme l’addiction aux médicaments ou le sexisme au sein de ce milieu, il ne les aborde jamais vraiment. Les filles sont toutes en mode girl power à moucher leurs camarades masculins grâce à des réparties bien trouvées, et ces messieurs ne sont jamais bien méchants. Pourtant j’imagine que la réalité est beaucoup moins rose pour les filles dans ce milieu hyper-compétitif et très essentiellement masculin (ils auraient pu au moins faire une petite vanne sur Diane la première de la classe qui passe forcément sous le bureau pour avoir d’aussi bonnes notes, on aurait gagné en réalisme en une seule phrase).
Sinon j’ai aimé la tension érotique entre Sophie et Diane, dommage que ça ne soit pas allé plus loin (tout ça pour qu’elle finisse avec Hadrien en plus).