Le film raconte la concurrence acharnée que se livrent deux constructeurs de coupé sport, afin de ne pas laisser la place à des marques occidentales, et cette lutte va être acharnée, entre espionnage industriel, sexe, trahisons, voire même la mort.
Sorti en 1962, La voiture d'essai noire est un peu le même sujet que Les géants et les jouets, sorti quatre ans plus tôt, à savoir la guerre que se livrent les marques pour être numéro un sur le sol japonais, à l'époque où le boom économique laissait entrevoir aux populations le développement de l'emploi, donc du niveau de vie, donc des salaires, afin de pouvoir se payer ces voitures de rêve qui sont comme une marque de réussite sociale pour qui peut s'en payer une.
D'ailleurs, le film démarre de manière ironique sur une voiture d'essai, la Pioneer, qui prend feu après un accident sur la route, et l'histoire va être du même acabit, donnant plus l'impression de voir un polar, de par la noirceur des thèmes. Quant aux employés, dit les cols blancs, ils pourraient être assimilés à des soldats qu'on poste sur la ligne de front, prêts à se faire dézinguer pour le bien de leur entreprise. Avec notamment cette scène incroyable où l'un d'entre eux, joué par Jiro Tamiya, qui demande à sa petite amie incarnée par Junko Kano de soutirer des informations aux employés de l'entreprise concurrente qui ont pour habitude d'aller dans le bar où elle travaille. Cela dans le but de l'épouser si elle réussit, car il n'agit pas que pour son entreprise : son chef lui a ainsi promis une promotion pour ce cas avéré d'espionnage industriel.
On peut dire que tous les coups sont permis dans cette guerre commerciale, jusqu'au pire d'ailleurs : chantage, extorsion, enlèvement, voire comme je le disais, la mort qui arrivera assez tard dans le récit. Voilà un autre film de Masumura vraiment passionnant, parfois aride, peu aimable, où pas grand-monde est à sauver, mais il se dégage une force de cinéma vraiment impressionnante.