Alors que la modeste entreprise Tiger Motors travaille à sortir son dernier modèle, un coupé sportif qui serait unique sur le marché, c'est la catastrophe. Les cadres supérieurs apprennent que leur concurrent Yamato Motors a siphonné des informations cruciales, et pourrait leur couper l'herbe sous le pied. Il est temps de se mettre à l'espionnage industriel pour contrer son adversaire !
Très différent des films d'espionnage à la James Bond qui s'apprêtaient à cartonner en Occident, "Kuro no tesuto kaa" est une plongée singulière dans le Japon industriel des 60's. Aucun personnage n'est reluisant, tous sont des employés dédiés à leur carrière. Par égoïsme, arrivisme, ou loyauté absurde envers leur entreprise.
Ils ne reculeront devant aucune bassesse pour sous-tirer des informations utiles. Chantage, séduction, trahison, manipulation, observation, et j'en passe. Utilisant à l'occasion ce qu'ils ont appris pendant la guerre. Impitoyable est le mot d'ordre ! Je note au passage la grande modernité du récit, la plupart des techniques vues à l'écran étant encore utilisées aujourd'hui par des agents de renseignement.
Le scénario est ultra rythmé, à l'image de cette course entre les deux constructeurs automobile qui se tirent la bourre. Dès que l'un a l'avantage, on sent qu'il ne le gardera pas longtemps devant l'ingéniosité de l'autre.
Et la mise en scène s'avère étonnement riche. La plupart des séquences se déroulent en intérieur, et Yasuzo Masumura garde un aspect oppressant, voire cauchemardesque avec diverses techniques bien élaborées. Un noir et blanc tranché. Des plans souvent serrés. L'utilisation de plusieurs caméras (ou plusieurs prises à angles différents ?) pour jongler entre les points de vue. Et en général, un bon nombre de personnages dans des petites pièces, rajoutant un côté suffoquant.
Le résultat est un très bon thriller d'espionnage, dans un cadre plus original que les sempiternels blocs Est-Ouest.