Le film de J. Glazer est sans aucun doute le plus intriguant de ce début d'année. Récompensé à Cannes l'an passé, on reconnaitra de nombreux choix cinématographiques remarquables.
Tout d'abord, le SON. Ensuite, un mur, une famille, des allemands, le XXe siècle, et surtout une froideur et une distance avec une caméra voyeuriste. La référence est définie, le film n'a plus qu'à commencer.
Très vite, on s'aperçoit que cette famille, pourtant très sensible aux fleurs, n'en a que faire des atrocités faites de l'autre côté du mur. La sensibilité, naturellement ils l'ont, mais elle n'est que parcellaire à l'image de ce père très affectueux pour son cheval qui ne s'interdit pas la gestion des fours crématoires.
Alors, une question, POURQUOI nous montrer cela ?
Pourquoi d'abord, filmer cette laide indifférence ? Pourquoi dans notre époque?
Et c'est là que le film devient pertinent.
Autre chose qui a toute sa particularité durant le film, c'est la maison de la famille. L'importance de ce terrain qui n'appartient seulement qu'à eux. Et l'intérêt que porte la mère qui ne réside qu'à ça. Dès à présent, c'est le titre du film qui prend un double sens.
Et c'est là le principal propos de l'auteur: la corrélation de ce contexte historique avec la propriété individuelle telle qu'elle nous l'est montrée.
Cette indifférence qui se construit par les murs et le confort fera l'objet des 1h40 de film où l'on sombrera dans le malaise, la laideur voulue, et celle non voulue.
Oui, non voulue aussi, parce que le film, bien qu'il s'exprime dans un langage vernaculaire au cinéma, nous projette des effets de styles à l'aide d'artifices un peu simplets (le fameux écran rouge et le filtre négatif pour les scènes de la petite fille par exemple). La redondance des scènes pour illustrer le quotidien sont elles aussi d'une maigre pertinence qui caractérise très rapidement chez nous un certain ennui justifiable.
Alors on le sait, les courts métrages ça rapporte peu mais bon...