Soutien aux fournisseurs d'antidépresseurs

Dans une société vouée aux principes vertueux du libéralisme tout juste quittant les croyances religieuses, Paul Thomas Anderson filme en grossissant les traits de ses personnages, un portrait déroutant des USA.

On suit dès le début un exploitant de pétrole incarné par D.D. Lewis qui sera la source d'analyse la plus pertinente de ce long métrage.

Le film s'ouvrant en silence sur une découverte d'une nappe pétrolière et la mort d'un ouvrier, on comprend directement la volonté de montrer les vices de cette activité industrielle. Le pétrole comme industrie meurtrière et destructrice, avec à la tête notre personnage principal.

L'histoire du film est plutôt banale, ce sont surtout les choix d'écriture, des images et des mouvements qui suscitent l'intérêt.

La saleté du pétrole, le gisement montrant la réussite mais aussi la destruction par les flammes sous les yeux du protagoniste, la perversité de sa volonté de liberté montrent toute la distance qu'effectue l'auteur sur ses images.

Un personnage sans valeurs morales, qui va s'affirmer petit à petit grâce au pouvoir qu'il exerce. Ce n'est d'ailleurs pas l'argent qui le rend mauvais, mais bien comme l'atteste le début du film, sa nature profonde qui est encore enfuit.

Le pouvoir qui lui permet d'accéder à une liberté plus grande ne serait donc pas une issue vertueuse, mais l'auteur montre que l'inverse non plus. C'est là où le personnage de Paul Dano présente toute son utilité à ce message. Lui qui représente une société guidée par la croyance et l'amour de son prochain, ne se révèle que plus tard comme un moyen tout aussi similaire pour oppresser les personnes sous le mensonge et l'appât du gain.

Le film dresse un portrait nihiliste de l'humanité tout aussi comparable aux films de Kubrick dont on peut d'ailleurs reconnaître quelques similitudes cinématographiques (2001, Shining, Barry Lyndon, etc.).

There will be blood est sans doute le dernier très grand film que l'Amérique ait pu faire, et qu'elle s'interdira de faire.

Créée

le 28 juin 2024

Critique lue 8 fois

Carmiam

Écrit par

Critique lue 8 fois

D'autres avis sur There Will Be Blood

There Will Be Blood
Kobayashhi
9

Daniel Plein La Vue aime le pétrole, pas les sundae.

Le souci lorsque je décide de placer un film dans mon top 10, c'est que je dois l'accompagner d'une critique, depuis quelques mois, c'est assez facile, je tourne avec les mêmes à qui j'ai déjà...

le 8 mars 2015

108 j'aime

10

There Will Be Blood
Jackal
9

Ça va saigner

Début du XXème siècle au Etats-Unis. Daniel Plainview ne poursuit qu'un seul et unique objectif dans sa vie : s'enrichir en trouvant et exploitant du pétrole. Tous les moyens sont bons pour lui, y...

le 27 août 2011

102 j'aime

7

There Will Be Blood
Fosca
5

There Will Be Oil

Je pense être totalement passé à côté... J'ai eu beaucoup de mal à m'accrocher à l'histoire jusqu'au bout et cela ne m'arrive que très peu lorsqu'un film est autant apprécié que celui-ci. Alors il ne...

le 25 sept. 2015

71 j'aime

15

Du même critique

The Tree of Life
Carmiam
7

Terrence sur National Geographic

Il est bien compliqué d'aborder "Tree of Life" tant l'œuvre de Malick est purement personnelle. L'auteur nous fait part en premier plan d'une narration à deux temporalités se focalisant sur un...

le 17 sept. 2023

There Will Be Blood
Carmiam
10

Soutien aux fournisseurs d'antidépresseurs

Dans une société vouée aux principes vertueux du libéralisme tout juste quittant les croyances religieuses, Paul Thomas Anderson filme en grossissant les traits de ses personnages, un portrait...

le 28 juin 2024

Lost Highway
Carmiam
9

Et De Villepin qui cède les autoroutes après ça...

Une autoroute perdue tel un délire psychotique qui n’en finit jamais, le son dérangé de Bowie, et voilà l’un des films les plus oniriques jamais faits.David Lynch grand cinéaste du surréalisme,...

le 26 juin 2024