Véritable expérience cinématographique, comme on en vit rarement. Ce film DOIT être découvert en salles. Jonathan Glazer a mis en œuvre des méthodes de cinéma encore jamais (ou presque) utilisées, comme placer 60 micros et 10 caméras dans la maison et laisser les acteurs et actrices évoluer seuls à l'intérieur de cette maison, les livrant à eux-mêmes, sans que le réalisateur puisse toujours guider ses acteurs et actrices. L'équipe a vraiment habité et tourné à côté d'Auschwitz durant près de 3 mois. La maison a été construite intégralement, le jardin, le potager, les outils, tout a été reconstruit à neuf. Tout est vrai.
Le film bouleverse, secoue, retire toutes les émotions des personnages, les montrant dans un ennui et une platitude totale. Ce choix peut facilement priver le spectateur d'émotions, mais cela ne réduit en aucun cas son impact, son message, ses interrogations et sa puissance.
Pour finir, le point le plus important du film : le son. Le travail sur le son est GIGANTESQUE. Durant tout le film, le spectateur sait où se situe l'action. Il ne voit rien, mais entend tout. Les cris, les pleurs, les tirs, et même le bruit des fours... Mais pas d'image. Il nous est tout juste permis d'apercevoir en arrière-plan de la fumée, dont on ne connaît que trop bien l'origine...
Le pire étant que l'on finit par s'habituer à ces bruits de fond, en faire presque abstraction comme les personnes du film. Jusqu'à la dernière séquence, la plus grosse claque du film, où tout nous rattrape, où tout se rejoint, qui est d'une fermeté, d'une dureté atroce, et qui peut se résumer en une phrase : "Je sais à quel point c'est horrible.. Mais je le ferai quand même".
En 2h de film, il n'y a pas eu un seul bruit dans la salle de cinéma. PAS. UN. SEUL.