J’avoue avoir été déçu au visionnage de ce film. Sa renommée Cannoise et l’angle choisi par le réalisateur pour traiter son sujet avaient attisé ma curiosité.
Je n’y ai trouvé, au final, qu’un simple exercice de style. Le concept est pourtant fort sur le papier, porté par le seul média réellement à même de le sublimer. Le pouvoir de suggestion n’a jamais été aussi puissant qu’au cinéma et, lorsqu’il est manié par des mains de maîtres, peut durablement marquer les esprits.
Le xénomorphe, pour citer un exemple très connu, n’a jamais été aussi terrifiant qu’en étant absent de l’écran. Plus récemment, Pascal Plante, dans Les Chambres Rouges, a transformé certaines scènes, qu’on s’attend ( ou souhaite... ?) pourtant tôt ou tard à voir, réellement insoutenables en ne les montrant tout simplement pas.
La suggestion est une arme incroyable, qu’elle soit utilisée dans l’horreur ou pour alimenter des théories autour d’un film et faire vivre une œuvre (Nolan ne dira pas le contraire).
Elle ne se suffit toutefois pas à elle-même. Il faut construire des enjeux, développer des personnages, créer une tension, une attente pour le spectateur, si l’on veut derrière qu’il y ait un impact fort. Et je n’ai malheureusement rien retrouver de tout cela dans La zone d’intérêt.
Alors certes, on comprend bien que le vrai personnage principal du film, c’est le camp d’Auschwitz et non ce petit couple de bourgeois SS bon pour la guillotine. On comprend bien que le discours du film ne porte absolument pas sur les péripéties administratives d’un génocidaire, mais sur le génocide en lui-même. Mais ça, on le comprend en 20 minutes.
Derrière, il y a un film sans véritable enjeu, froid, dénué de toute émotion. La caméra elle-même y ait comme abandonnée, posait ça et là dans des angles fixes, sans aucun mouvement. Dire qu’il y a là un refus de réalisation serait toutefois une erreur tant le parti pris est fort et tenu du début à la fin. Il y a une véritable démarche artistique derrière tous ces choix, un pari technique indéniablement réussi matérialisé par une ambiance sonore terrifiante. Mais au-delà de ça, le film ne m’a rien raconté et m'a laissé, à ma grande surprise, complètement indifférent.