Le film sur le génocide commis par les nazis est un genre à part entière. On ne fait pas de cinéma sur ce sujet sans savoir à quel point il remue encore beaucoup.
Les Européens que nous sommes iront donc voir avec un œil bien différent ce film.
Techniquement, il y a quelque chose de tout à fait remarquable. Utiliser un étalonnage, une caméra, très froide, très quotidienne. Cela qui renvoie à l'idée générale du film.
Pour ce qui est du reste, tout sera questionné par l'idée suivante, reste-t-il des choses à dire avec le cinéma de ce thème.
Mon avis est que le problème du cinéma avec le génocide juif, c'est avant tout la perte de sens. On ne sait jamais vraiment ce que l'on est en train de filmer. Nous filmons toujours l'histoire avec une focale vengeresse. Les protagonistes sont mauvais donc filmons les de façon à faire comprendre qu'ils sont méchants.
Ce qui peut échapper au spectateur devant La Zone d'Intérêt ; c'est l'absence de malveillance pour ces protagonistes. La seule vraie punition sera manifestée par des spasmes gastriques que subira le personnage principal à la toute fin du film avant que les images du musée d'Auschwitz en train d'être nettoyé soient projetée. Ensuite comme si ce dernier entraperçoit tout le poids de la terreur à laquelle il contribue, silence ; puis, il tourne la tête pour continuer son chemin.
Il n'y a pas de véritable morale à ce film qui tente de nous faire ressentir que ce que nous considérons comme indéfendable. Cela est tout à fait humain, tout à fait intelligible ; malgré tout.
Pour comprendre les nazis, pour comprendre notre part de fragilité, pour comprendre notre morale, pour comprendre ce qui nous constitue, il faut aussi savoir se focaliser sur des détails qui n'en sont pas.