Alors, c'est ça le nouveau succès décrété estampillé indé pour 2018 ?
Bon... Behind va encore une fois passer pour le beauf de service.
Mais quand même, c'est pas comme si c'était la première fois qu'on voyait une ado rebelle et faussement anti conformiste. Si ? C'était pas comme si on ne les connaissait pas par coeur, les tourments de l'adolescence US en train de grandir et de se rêver tout autrement.
Tout ça parce que ça évolue chez les cathos ricains tendance ultra ? Parce que ça ridiculise une anti avortement et que ça réussit à caser de l'altermondialisme bas de plafond, de la théorie du complot bas de gamme en adoptant une approche pseudo sociale ? Et avec une femme à la barre de l'entreprise en plus ?
Oui, bon, il y a beaucoup de mauvaise foi dans ce descriptif. Mais Lady Bird est cependant loin des superlatifs que lui ont réservé les initiés. Tout comme il est à des kilomètres du caractère inoubliable dont on affuble un peu trop rapidement son personnage principal, dont les seuls excès de rebellitude seront une engueulade avec maman, un tour réservé à une bonne soeur et un coma éthylique...
D'autant plus que le film commet l'exploit de paraître deux heures alors qu'il n'en dure qu'une et demi. La faute sans doute à un scénario des plus plats et aux différents protagonistes sans aucune surprise. La faute à un personnage principal qui, sans être déplaisant (c'est Saoirse Ronan quand même), n'est cependant doué d'aucune saveur particulière qui ferait qu'on s'attacherait réellement à elle, alors que des Juno, des Bliss ou des Ghost World mettaient en scène, sur le même thème, des ados immédiatement sympathiques.
Oui, certains penseront qu'il s'agit là de très mauvais exemples car le spectateur était sans doute pris par la main et qu'on lui disait automatiquement quoi ressentir. Sauf que la chronique adolescente était illustrée par un biais souvent accrocheur et intéressant, que ce soit par une vision cynique du monde, le roller derby ou la peinture d'étranges amitiés.
Rien de tout cela n'anime Lady Bird, qui illustre de manière molle et convenue les tranches de vie de son personnage principal finalement assez passe partout, dont la seule excentricité sera de s'être choisi un nom en réaction à une certaine idée de la médiocrité qui ne la mérite pas.
C'est d'autant plus dommage que tout n'est pas à jeter et que si Greta Gerwing ne filmait pas avec des moufles, il aurait pu y avoir au bout de l'entreprise quelque chose de beau et de tendre dans ce premier tournant important que représente la fin du lycée et la nécessité de quitter le nid pour battre de ses propres ailes. Certaines thématiques, aussi, auraient pu valoir le coup d'oeil, comme ce jeu des apparences qui atteint malheureusement presque tous les personnages jusqu'à virer à un véritable catalogue assez vite rébarbatif.
Et puis il y a de rares moments de grâce, comme cette minuscule virée en voiture qui confond mère et fille dans un instant de poésie, ces larmes qui roulent sur l'épaule maternelle ou la complicité d'un père formidable qui s'oublie. Mais trop tard pour remonter de manière sensible la note d'un film sans réelle saveur, finalement assez anodin et chiche, misant plus que de raison sur son aspect indé et bête à trophées survendu.
On est quand même à des années lumière, sur le thème de l'adolescence qui s'enfuit, d'un film comme The Myth of the American Sleepover, bien plus touchant et délicat que ce Lady Bird fabriqué, calibré et ne sortant jamais des sentiers battus.
Et alors que la réalisatrice semblerait envisager le développement d'un Lady Bird verse, alors que de telles méthodes font hérisser le poil et hurler à la lune (dans l'ordre que vous voulez) on se prend à sourire en pensant qu'au bout du compte, en rêvant de s'adapter aux méthodes pas bien de l'entertainment vidé d'une quelconque substance, l'indé n'en a finalement plus que le nom...
Behind_the_Mask, oiseau de mauvais augure.