Curieux film que voilà. Avant de le voir, j'ai toujours cru avoir à faire à une sexy comédie un peu lourdingue et vaguement horrifique. Il se trouve que Lady Frankenstein s'avère être une très sérieuse tentative de réanimer et moderniser le cinéma gothique italien. Un sous-genre alors en vogue durant la décennie précédente, qui finira par tomber en désuétude à l'orée des années 70.
À la même période certains s'y sont essayés avec plus ou moins de réussite, que ce soit Mario Bava et son mineur mais néanmoins sympathique Baron Vampire, ou encore Antonio Margheriti avec son improbable mais raté Les Diablesses. Lady Frankenstein se situe un peu entre les deux.
Le pitch de base est délicieusement racoleur : la fille du Baron Frankenstein, belle, intelligente et ambitieuse, va poursuivre et améliorer les travaux de son père avec pour objectif de créer la créature parfaite qui pourra la combler aussi bien sexuellement que spirituellement. Et forcément, son plan ne va pas se dérouler sans accrocs !
Malgré des contraintes budgétaires évidentes, on ne peut que saluer le soin apporté aux décors et aux costumes, magnifiés par la très belle photo de Riccardo Pallotini, un excellent chef op' qui travailla jadis avec Margheriti durant sa période gothique.
Le casting de "gueules" est véritablement plaisant. On y retrouve l'imperturbable Paul Muller, le patibulaire Herbert Fux, le bellâtre Marino Masé... En têtes d'affiche, Joseph Cotten fait le taf et puis ça lui fait de petites vacances en Italie, mais c'est surtout la trop sous-estimée Rosalba Neri qui est la plus digne d'intérêt, injustement considérée comme la Barbara Steele du pauvre. Ici, elle irradie et bouffe l'écran en femme forte, sensuelle et sans aucunes limites pour parvenir à ses fins.
Finalement, le gros point noir du film réside avant tout dans sa mise en scène. Non pas que ce soit honteux mais avec Mel Welles (touche à tout américain tantôt acteur, doubleur, réalisateur et scénariste), on est dans le fonctionnel. Tout cela est assez platement mis en boîte, avec qui plus est un vrai problème de rythme et des tunnels de dialogues. Ce n'est pas beaucoup mieux en matière de violence graphique avec ces quelques effets gore très timides et une créature assez ridicule au maquillage raté. Même la musique d'Alessandroni est bien peu inspirée.
Un petit bis transalpin très inégal donc, qui ressemble beaucoup à certaines productions Hammer de la même période, comme Les Horreurs de Frankenstein ou Dracula 73. Des œuvres maladroites qui tentaient tant bien que mal de dépoussiérer des figures mythiques alors un peu moribondes.
Je sauve tout de même, hormis la direction artistique, un très beau plan final et un nombre raisonnable de scènes érotiques relativement soignées. Encore heureux d'ailleurs, c'est le principal argument du film.