Oniroku Dan est du genre monomaniaque : faut que ça lie, faut que ça lave, faut que ça fasse mal et quand il n’y a plus de convenance, y a du plaisir. En gros, prends des coups, tu prendras ton pied à la fin. Si on n’a pas un réalisateur ou un scénariste avec un univers qui sublime le propos livresque, il faut une bonne dose de distanciation pour se dire que tout cela n’est qu’un vilain fantasme, loin de la réalité. Car, ici, point d’humour pour décaler le spectateur. On s’appuie donc sur Naomi Tani, chimère de la femme respectable qu’on avilit, qui se laisse faire par respect du code d’honneur et qui y prend goût (cela devint d’ailleurs un peu lassant, ce côté nunuche). L’autre élément permettant le décalage salutaire, est la qualité des plans réalisés par Katsuhiko Fujii. Sa maîtrise de la lumière dans la première scène où tombe Yumeji est remarquable, la scène par sa beauté formelle devint irréaliste. Quelques autres scènes en extérieur rappellent le glauque chef d’œuvre du genre, sans avoir tout à fait la même force. Le scénario de Keiji Kubota manque un peu de cohérence notamment sur les motivations de Kazue ( Tokuko Watanabe) la dominatrice ou sur les celles du fils de riche. Le rôle d’Erina Miyai est assez succinct et assez peu convaincant. Ce n’est pas le chef d’œuvre du sous-genre mais pas le plus mauvais non plus.