Je dois avouer que ce Lady Yakuza me laisse mi figue mi raisin. Objet fantasmé comme étant de la trempe d’un Lady Sazen ou d’un Lady Snowblood, c’est à dire comme la chronique d’une héroïne sévèrement burnée (kikoo @drélium) ayant plus ou moins vaguement servi d’inspiration au personnage de Beatrix Kido, la déconfiture fut grande devant un film finalement plus bavard que revanchard.
Après n’allez pas croire que La Pivoine Rouge soit complètement dispensable. Indubitablement, la pelloche véhicule beaucoup de ce charme sixties si propre aux films nippons de l’époque : décors de studio et éclairages ad hoc, jolies couleurs (belle utilisation du rouge), score à la séduisante désuétude, et quelques fulgurances esthétiques (discrètes ici) empruntées au théâtre. La petite histoire se tient, bien que traversée par des personnages un peu crétins parfois, et n’est pas trop mal amenée. Plus généralement j’ai bien aimé le charisme de Ken Takakura (à voir prochainement dans le Détroit de la Faim) et une chef de clan Yakuza qui en a dans la culotte.
Côté déconfiture, on a un Tomisaburo Wakayama en sosie de Oliver Hardy dont le potentiel comique se retrouve pas mal gâché par trop de cabotinage, Junko Fuji n’est pas aussi belle que le vendait la jaquette —et puis difficile de passer après le minois de Meiko Kaji quand on a vu les Sasori en premier, et Yamashita semble plus à l’aise à composer de jolis plans (notamment ceux avec les pivoines du titres, et quelques visages) qu’à insuffler du dynamisme dans sa réalisation ; elle même parfois maladroite dans ses mouvements. Ne cherchez donc pas les échanges de lames, ils sont rares et gauches, d’autant que l’histoire de vengeance en toile de fond se retrouve diluée dans un traitement plus mélo que tranchant.
Le résultat donne un film assez agréable car lisible, mais plombé par beaucoup de parlotte et de considérations cul-cul les pâquerettes au lieu du trouble pour lequel on était venu à la base.
J’ai pas mal regretté aussi le survol du lien entre Bakuto et Yakuza, et plus précisément entre les Yakuzas et le milieu du jeu ; milieu qui ironiquement était mieux illustré sur le tiède Long Wolf Isazo auquel je reprochais déjà ces lacunes.
Je suppose qu’il faudra se contenter de regarder Zatoichi ? (Les connaisseurs m’aiguilleront)
Au final, La Pivoine Rouge est un film au charme et aux qualités de narrations appréciables, mais il pêche par une forme en mi teinte, entre direction artistique efficace (photo, tatouages, kimonos…) et reconstitution roublarde (fonds douteux, coupes de cheveux sixties, c’est limite les mecs…). Un poil de dynamisme voire de soin dans les rares rixes aurait aussi constitué un plus indéniable.
Un premier opus qui mérite sa note à mon sens, en espérant que les suivants ne me donnent pas l'impression de lui avoir fait une fleur.