Je sais bien que c'est viscéral sur la planète Bollywood de claquer des films à rallonge mais là je dois avouer que l'on a battu tous les records ici. D'ailleurs, je me suis toujours posé cette question du pourquoi faire des films de plus de 2h40 au bas mot. L'expérience m'a appris que ce n'est pas en tirant en longueur que tu sais développer une histoire, surtout quand celle-ci ne s'y prête pas. 3h45 c'est la durée d'un péplum qui, lui, a matière à raconter beaucoup. En l'occurrence, ici on est bien loin de ces standards. Avec le temps, je me suis fait à l'idée que Bollywood, manichéisme et niaiserie vont de pair et j'en suis même arrivé à aimer fortement 2 films (voire même 3) sur 6 que j'ai vu jusqu'à présent. D'un côté les gentils et pauvres indiens opprimés, de l'autre les impitoyables anglais. Bon dans l'idée, l'histoire fut ainsi mais on se serait passé du forçage émotionnel, surtout quand il s'agit d'une sombre page de l'Inde. Au mieux, j'en dirais que c'est limite insultant.
Donc 3h45 pour une histoire tournant autour d'une confrontation au cricket indien. 3h45 !! 3h45 c'est plus que Ben-Hur. C'est plus que la version longue des deux premiers Seigneur des Anneaux ! Et ça m'exaspère quand ça tire, ça tire et ça tire en longueur pour un récit qui ne s'y prête absolument pas. Mais bon, jouons le jeu et rassurons nous en nous disant que le réalisateur va assurer à fond dans le développement des acteurs, en complexifiant leurs sentiments et leur personnalité. Manque de pot, ça se loupe et la très grande majorité des protagonistes n'ont rien à nous offrir autant en émotion qu'en charisme. Mention spéciale à la bourgeoise anglaise qui ne sert à rien si ce n'est tomber béatement amoureuse de Dhuvan. C'est non seulement mièvre mais totalement vain vu que l'on devine dès le générique de début les grandes lignes. Encore une fois c'est du Bollywood.
Mais encore, si ça ne se limitait qu'à ça, je l'aurais regardé avec un ennui poli sauf que Lagaan est un produit qui m'est fort austère. J'avais cette impression d'être tout au long en retrait des grands objectifs de l'histoire. En moi se ressentait la désagréable hypothèse que c'était un film fait par des indiens pour des indiens. Car au beau milieu de ce déluge de vide (pléonasme me direz vous), l'univers du cricket ne nous est pas développé à nous occidentaux. Et encore une fois ça dure 3h45 !!! Au lieu de faire les pitres en musique, je ne sais pas mais pourquoi ne pas solliciter ce temps pour nous ouvrir vraiment à ce sport sans nous laisser sur le banc de touche arrivé au match. On m'excusera de n'avoir aucune notion à ce sport. Est-ce de ma faute ? Pas à ma connaissance. Ainsi on tente de découvrir durant ce grand tournoi les règles avec les nombreuses zones d'ombre de mise. N'ayant pas envie d'ouvrir Wikipedia, la séance étant suffisamment longue pour ce que c'est, je me suis senti comme un pauvre gars sans son CST, condamné à ne pas saisir tous les enjeux, exclu du stade. Hors, quand le tournoi est central à la destinée de chaque camp, ça me pose un gros problème. C'est une reproche que j'avais adressé à Las Vegas 21 qui fonctionnait selon ces mêmes carences, la durée abusive en moins.
Alors oui Aamir Khan m'est sympathique. Oui les paysages désertiques de l'Inde font leur petit effet mais pour le reste, non juste non et ça ne me donnera pas envie de me cultiver sur le cricket.