Allez voir ce film. Voilà. Je n'en dis pas plus. Il arrive que dans le cinéma français, un film totalement barré pointe son nez. Et quand cela arrive, on se dit : Attends, c'est français ça ? Un film de genre en France, ce n'est pas rare mais la plupart du temps, c'est anecdotique. On nous a reproché à nous pauvres Sens Critiqueurs, qu'on ne savait pas apprécier les films de genres après la vision du (pathétique) Serpent au 1000 coupures. Oui ce film est pathétique; il a trop de défauts pour dire que c'est un bon film de genre. Celui-là par contre est un bon film de genre, mais il est tellement barré qu'il est difficile de savoir s'il sera appréciable ou non.
Des choix de réalisations surprenants
Ce film est méga barré. C'est un film avec lequel les réalisateurs font tout et n'importe quoi. On sent les inspirations des films de western à l'ancienne, des films du style Midnight Movies et de toutes ses joyeusetés qu'on trouve rarement au cinéma. Le film multiplie vraiment les gros plans au visage surtout au début et le montage est tellement bien fait qu'il arrive à nous berner parfois. La réalisation ose vraiment tout en mélangeant les scènes intradiégétique et les rêves oniriques de l'écrivain. Parfois même un peu trop, surtout vers la fin où au bout d'un moment on ne comprend rien à ce que le film veut nous emmener. Mais c'est ça qui est génial. Voir des réalisateurs à fond dans leur délire et que ça marche.
Un exemple : Lorsque le policier demande à Luce une corde pour descendre de la maison où il est enfermé, et juste après on voit une femme dorée se faire ligoter dans une croix de St André.
Le film alterne entre des scènes réalistes et des scènes oniriques en contre plongée et contre jour avec une femme dorée qui est quasiment fantasmée par une armée d'admirateurs. Mieux encore, vers la fin les 2 "univers" ont l'air de se confondre. C'est à la fois une bonne et une mauvaise chose parce qu'on peut aussi être vraiment perdu à la fin vu que tout est embrouillé. Ce n'est pas épileptique mais c'est vraiment incroyable au niveau du montage. On sait que c'est arrivé, mais c'est tout. Bref, le film de part sa réalisation est vraiment fun et par dans tous les sens. Cela dit, une personne non averti pourrait trouver surfait ou faire des effets de style pour 3 fois rien. Moi je trouve qu'il s'agit d'un délire cohérent qui va avec l'univers barré du film. Quant aux personnages, c'est aussi particulier.
Qui est Qui ?
Déjà, peu de personnes possèdent une véritable identité ni vraiment une vraie profondeur
Le chef des Bandit Max Bernier (Marc Barbé) est un leader plutôt charismatique et vieux qui dirige la petite troupe dans leur braquage (qui trahit et se fait trahir). La brute chauve (Bernie Bonvoisin) et les autres membres sont pas si intéressants que ça.
Cela dit, la plus intéressante est Luce (Elina Löwensohn) qui est pratiquement la mort dans ce film. Elle déteste les flics, et même si elle couche avec la brute chauve, elle est totalement neutre dans cette histoire, au point qu'à la fin elle se confond littéralement avec la "beauté dorée".
En faite, si on regarde bien, les personnages sont limités en grande partie par leur fonction et ne sont que des éléments de l'aspect barré et fantasmé des réalisateurs. Le film n'essaye pas de raconté autre chose à travers ses personnages mais plus à travers son histoire et sa réalisation.
Les 8 Salopards/Free Fire made in France
L'histoire est toute bête. Des bandits ont braqué un fourgon, 2 policiers veulent les arrêter, une femme, son fils et la nounou débarque pour rejoindre leur hôte. Il y a des échanges de feux, de la trahison, des alliances contre nature, de la mort et au final bah...on sait comment cela va se finir
Les méchants meurent, la famille s'enfuit, les policiers meurent, ils perdent leur magot et Luce observe
Dit comme ça, j'ai l'air de minimiser l'histoire, et c'est le cas. Mais l'histoire n'est qu'au fond qu'un cadre et qu'un prétexte pour le délire visuel des cinéastes. Tout est attendu, on sait d'avance qui va vivre ou mourir. Mais dès le départ, on sait qu'on est pas venu pour l'histoire et sa profondeur, mais de la manière dont elle est racontée. A plusieurs moments, on l'histoire qui nous est narrée selon un certains point de vue. Cela ne fait pas du grand cinéma, mais cela fait du cinéma qui ose des trucs, quitte à se rater. Et là, ça ne rate pas ! Bon, le film n'est pas parfait vu qu'il y a certaines actions que je trouve assez connes mais bon. Cela dit, le film est parfois parsemé de scènes afin de montrer l'état psychologique de certains personnages et ce qu'elles ressentent , renforçant le caractère atypique de la narration
Surtout vers la fin avec Max Bernier et ...plus surprenant avec la Nounou (Marine Sainsily) où pour nous montrer qu'elle fantasme sur le jeune bandit, les réalisateurs l'illustre en nous la montrant se faisant mitrailler par lui...et que les coups la déshabille. Véridique
Bref, une histoire de base pas intéressante et au finale dispensable, vu que les réalisateurs misent plus sur le visuel que sur le raconté. Qui est la marque d'un cinéaste.
Film français le plus barré et atypique de 2017 que j'ai vu
Ce film n'est pas un grand film ni même le meilleur film français de 2017. Mais c'est le plus atypique. Il ne l'est pas pour sa thématique ni son ambiance, mais de la manière dont il est fait. Et c'est rafraîchissant de voir un film de genre qui a des délires visuels inattendu, alors qu'on est dans un cinéma qui peine à sortir de son conformisme (je n'ai pas vu Au Revoir Là Haut au moment où j'écris ses lignes, retenez votre pouce rouge). Bref, je le recommande, mais je doute bien qu'il ne plaira pas à tout le monde. En tout cas moi je me suis éclaté.