Poussé par la place importante que lui accordait le documentaire de Kier-La Janisse "Woodlands Dark and Days Bewitched: A History of Folk Horror", c'est sans véritbale surprise que ce film norvégien s'avère davantage intéressant du point de vue de l'histoire du cinéma que de celui du cinéma tout court. Un film important, c'est une certitude : un des premiers films d'horreur norvégiens, dans le registre de la folk horror, avec un versant psychologique et mystérieux qui semble être d'un avant-gardisme net, annonçant 4-5 ans avant des films comme "Les Innocents" (1961, Jack Clayton) ou "Le Carnaval des âmes" (1962, Herk Harvey). Un des premiers films du type "cabin in the wood", aussi — je suis sûr que c'est un sous-registre bien réel. L'histoire est assez simple : un groupe d'amis (intellectuels : il y a un auteur de romans policiers, un psychanalyste, un éditeur, et un avocat, certains étant accompagnés de leurs femmes moins bien définies de ce point de vue-là) se réunit au fond d'une forêt dans un chalet isolé, censément pour y retrouver le frère d'une des femmes aux abonnés absents. On apprend qu'un homme rôderait la nuit, et que le lieu à travers son lac proche est chargé d'un lourd passé. Un chien est retrouvé mort, brrrr.


Manifestement les codes de l'horreur sont en pleine définition et on a un peu de mal à le classifier ainsi avec des yeux de 2022. Il y a ce travers assez amusant, aussi, typique d'un film scandinave, qui laisse les dialogues envahir tout l'espace disponible : chez Bergman, c'est le principal enjeu ; ici, c'est un peu plus compliqué à justifier. Le dialogue pour s'immerger dans une sombre histoire de possession, une mystérieuse attraction envers le lac, c'est beaucoup demander. Le mystère est ainsi attaqué de front par la psychanalyse, à grand renfort de rationalité, d'hypnose et de psychologie freudienne : c'est assommant. Pour achever la filiation de la folk horror naissante, on pourrait aussi mentionner le film de Robert Wise "La Maison du diable" (1963) qui investira plus frontalement la thématique de la maison hantée, ou encore "Le Mystère des treize" (1966, J. Lee Thompson), très ambitieux mais assez ingrat à regarder. Le recul de plus de 60 ans sur cette production rend certains motifs assez pénibles, à l'image des nombreux bruits que les personnages entendent et qui se révèlent inoffensifs. Malgré la sobriété de l'étrange et la beauté de la photographie, le minimalisme affiché par "De dødes tjern" ne semble pas faire honneur au potentiel de son contenu en l'enfermant dans une forme de redondance ennuyeuse. Reste la curiosité, très clairement. Et une animation en stop-motion d'un oiseau très bizarre.

Morrinson
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le 28 févr. 2022

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Morrinson

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