⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

María et Ingvar sont seuls, seuls en harmonie au milieu des paysages sauvages et majestueux d’une Islande reculée. C’est là qu’ils ont leur ferme et qu’ils élèvent des moutons, vivant au gré du temps qui passe, des pluies, des vents et des agnelages. Autour pourtant, quelque chose semble rôder. Une force mystérieuse et ancestrale, venue des landes. Une ombre surgie des montagnes ou de la brume. Et quelle serait l’influence de cette force sur ce que vont découvrir María et Ingvar lors de la naissance d’une agnelle pas comme les autres, et dont la singulière particularité provoquera, chez les spectateurs, d’abord un effet de sidération puis une acceptation de l’extraordinaire, ou au contraire une forme de rejet face à un postulat qu’ils trouveront, au mieux, ridicule, au pire grotesque ?


Agnelle que María et Ingvar décident de garder et d’élever comme leur propre enfant sans se soucier de rien, aspirant à un simple bonheur, mais allant contre la toute-puissance et la détermination de la Nature, et ses quelques incarnations aussi. On pourrait croire, dit comme ça, que Lamb n’est qu’un film vaguement fantastique, voire un film flirtant avec l’horreur, mais c’est autre chose. Il se déploie sur d’autres terrains narratifs (principalement ceux du deuil et de la maternité) ; investit d’autres champs imaginaires. Valdimar Jóhannsson, son réalisateur, l’a ainsi expliqué : "C’est un conte tellement classique, avec un seul élément surréaliste […] Tellement de gens me demandent si je suis fan des films d’horreur aujourd’hui. Mais, à mes yeux, ce n’était pas un film d’horreur. On peut l’appeler film de genre, mais pour moi, c’est un poème visuel".


Voilà. Lamb est tel ce poème. Un poème ancien à susurrer au coin du feu. Une vieille légende qui se transmettrait de génération en génération. La présence au scénario de Sigurjón Birgir Sigurðsson, alias Sjón, auteur de poèmes, de romans et parolier de nombreuses chansons de Björk (et coscénariste du prochain Robert Eggers, The northman), n’est pas étrangère à cette volonté-là. Lamb se nourrit de silences et de mystères (évoquer le film, c’est en parler le moins possible), de beautés rudes et de confrontation entre l’Homme et les forces naturelles qui l’entourent et dont il croit pouvoir triompher. Si la trame scénaristique a malheureusement tendance à s’étirer inutilement (la venue du frère d’Ingvar, pas vraiment nécessaire, parasite en partie les vrais enjeux du récit) et à délaisser un peu trop l’aspect insolite qui, en premier lieu, savait séduire, il n’en reste pas moins que Lamb fait son petit (et curieux) effet, aidé en cela par une magnifique Noomi Rapace qui offre son singulier visage de fée nordique à cette femme retrouvant, loin des conventions, la grâce et la rage de ses instincts maternels.


Article sur SEUIL CRITIQUE(S)

mymp
6
Écrit par

Créée

le 28 déc. 2021

Critique lue 2.4K fois

16 j'aime

mymp

Écrit par

Critique lue 2.4K fois

16

D'autres avis sur Lamb

Lamb
Sergent_Pepper
7

Mutter Iceland

Le fantastique repose sur la découverte de l’étrangeté dans un monde rationnel et réaliste : le spectateur n’aura véritablement peur qu’à partir du moment où il pourra mesurer l’écart entre le...

le 31 déc. 2021

33 j'aime

2

Lamb
JasonMoraw
5

Agneau daubé

Il est des sujets si extravagants que la fiction elle-même parvient encore à surprendre. Un imaginaire si biscornu qu’il nous étonne encore : Lamb narre l’histoire de la naissance d’un être mi-...

le 5 nov. 2021

32 j'aime

6

Lamb
JolanF
6

Promenons-nous dans les bois, pendant que le mouton n'y est pas

Le premier pas à la réalisation de l’Islandais Valdimar Johannsonn vient nous perturber en mélangeant le drame naturaliste au film de genre par la mutation de l’horrifique au fantastique. Dans le...

le 4 août 2021

28 j'aime

2

Du même critique

Moonlight
mymp
8

Va, vis et deviens

Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...

Par

le 18 janv. 2017

182 j'aime

3

Gravity
mymp
4

En quête d'(h)auteur

Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...

Par

le 19 oct. 2013

180 j'aime

43

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

162 j'aime

25