Autrefois adulé de toutes parts, Ridley Scott a subi comme beaucoup un gros passage à vide dans les années 90, enchaînant échec sur échec. Une décennie, quatre films, trois échecs critiques et/ou commerciaux. Malgré des débuts prometteurs avec Thelma et Louise et 1492 : Christophe Colomb (qui n'eut pas le succès escompté), le réalisateur britannique a préféré choisir un film moins ambitieux en mettant en scène l'adaptation du livre autobiographique "The Last Voyage of the Albatross" de Charles Gieg Jr. et Felix Sutton narrant comment de jeunes apprentis marins ont survécu à un grain blanc, une tempête des mers aussi imprévisible que destructrice...


Le sujet est intéressant mais le film ne propose pas vraiment cela. A contrario, Lame de fond présente treize adolescents au début des années 60, treize adolescents rebelles que tout oppose embarqués pour beaucoup à cause de leurs parents à bord d'un navire-école dirigé par le sévère Skippy Sheldon. Tous vont apprendre à surmonter leurs peurs, à s'entraider et à devenir des hommes à bord d'un voyage initiatique prévu comme irréversible. On y découvre des joies, des peines, des rivalités, de l'amour, de l'amitié, etc. C'est sympa mais ça manque grandement d'envergure et on aurait préféré aller directement ou du moins plus raidement à l'arrivée de cette fameuse tempête meurtrière amenant à un procès aussi palpitant que trop court.


Le casting est pourtant agréable avec un Jeff Bridges au ton sérieux accompagné d'une palette de jeunes acteurs aux talents variés (la révélation Scott Wolf contre l'horripilant Ryan Philippe). Hélas, on ne s'attache jamais vraiment aux personnages ni à la situation et le long-métrage sombre dans une certaine indifférence. Non pas que l'histoire ou la mise en scène soit ratée ou mal construite, elle n'est juste pas prenante, pas absorbante voire même parfois trop simpliste, hormis la séquence de la fameuse tempête (un grand moment lui aussi malheureusement très court). Ainsi, Ridley Scott signe un long-métrage tout ce qu'il y a de plus classique, pas forcément désagréable mais à classer néanmoins parmi ses films les moins mémorables.

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le 2 avr. 2019

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