Un homme hait une femme
C’est une triste loi : un film qui vous montre une rencontre suivie de la construction d’un couple dans son premier quart d’heure a très peu de chance de vous raconter une belle histoire d’amour...
le 25 mai 2023
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Je ne connais pas le roman dont est issu l'amour et les forêts, et n'en parlerait donc pas. J'imagine cependant qu'il approfondit d'autres arcs narratifs sur un mode mineur, comme la littérature le permet, je pense notamment à la relation entre les jumelles et leur mère, tandis que ce film qui l'adapte parle d'un seul sujet, en mode majeur.
Il le fait bien.
Au début du film, le décor autour de Blanche s'esquisse sur un rideau d'été, le long des côtes normandes, qui n'empêche aucunement la mélancolie, une humeur que sa sœur plus enjouée s'acharne à balayer de rencontres et des propositions. C'est l'endroit où elles ont grandi, parsemé d'une tranquille familiarité et de retrouvailles de camarades perdus de vue depuis des années. Comme Grégoire, élève mal dégrossi à l'époque, et qui a bien changé depuis. Il séduit Blanche par son volontarisme, sa passion. Ces deux-là s'aiment, la preuve, s'il en fallait une pour elle, est que Blanche s'aveuglera quand les premiers détails troublants s'attacheront à son compagnon; quant à lui c'est un revanchard, dont le sentiment s'incarne dans la conquête et la possession. Au fil du temps, il n'aura de cesse de lui imposer sa volonté, un amour devenu toxique dès lors qu'il jalouse son épanouissement.
A partir de cette mise en place réussie, en notant au passage l'effet de la côte atlantique sur l'inspiration de nos cinéastes, le film dresse le portrait sensible d'une relation d'emprise, de son développement à son dénouement éventuel. Le couple en passe de s'agrandir va déménager sur Metz, loin de la mer et son appel du large, par la grâce_ ou la malédiction_ d'une mutation, et Blanche va se retrouver loin de ses repères, sa famille, ses amis...
Un tel modus operandi ne nous est pas inconnu, il faut l'avouer, et pourrait constituer la limite du film. Ce n'est rien enlever à sa valeur morale ni à son utilité que de constater cela, un rôle de révélateur amplifié par la nature banale de cette histoire _ si tant est qu'une relation toxique de cette nature puisse être décrite ainsi sans manquer de respect à ses victimes. Car nous sommes là dans le domaine de l'universel, et il peut paraître suspect de critiquer. Nous différencierons donc pour ce faire son sujet, inattaquable, du film, qui réussit parfaitement à l'illustrer avec la bonne distance. Une réussite qui doit beaucoup au travail de ses acteurs, Virginie Efira composant un personnage de femme fragile et sensible, et un Melvil Poupaud à la présence plus physique, doté d'attributs d'une masculinité toxique bourgeoise, et infuencé peut-être, l'idée affleure, par une certaine image du mâle alpha sur sa psyché, jusqu'à la folie.
Un film de cinéma et de combat, qui ne laisse pas l'autre camp sur le côté. En cela, une réussite.
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Créée
le 22 juin 2023
Critique lue 38 fois
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