La guerre d'Espagne est un conflit d'une rare complexité quand on ne considère déjà que les belligérants espagnols qu'ils soient nationalistes ou républicains. Les choses se compliquent encore un peu si on considère l'aide internationale des volontaires de divers pays qui se trouve regroupée dans diverses organisations dont en particulier les brigades internationales. Mais cette dernière soutenue et noyautée par l'URSS via le Komintern va très vite s'opposer violemment aux groupements antistaliniens et/ou anarchistes.
Le film de Ken Loach s'inscrit au moment de la lutte entre les communistes (staliniens) des Brigades Internationales et du reste des insurgés (POUM entre autres). Il montre, en creux, que le clan républicain, torpillé de l'intérieur, mal armé, mal équipé, dispersé en vaines querelles ne pouvait pas gagner. Les accords germano-soviétiques de 1938 n'ont fait qu'accélérer le processus de défaite.
Tout ceci est désormais bien connu et on ne s'étonnera donc pas du ton désillusionné du héros du film, jeune communiste britannique, qui s'engage, la fleur au fusil, auprès d'un groupe de combat du POUM et découvre la pauvreté des moyens et la réalité (asphyxiante) du pouvoir stalinien.
Il me plait d'ailleurs de rapprocher ce film d'un autre, "L'aveu" (Costa Gavras) qui évoque la suite, en quelque sorte, où même les communistes bon teint, tchèques, ayant participé aux brigades internationales furent considérés suspects dans les années 50, aux yeux du pouvoir stalinien toujours en place…
De même, "Pour qui sonne le glas", film sorti en 1943, tient un discours assez analogue bien que moins sévère sur les soviétiques que dans "Land and Freedom". Mais en 1943, l'URSS était une alliée qu'il convenait de ménager et il y avait encore une part de non-dit sur la guerre civile espagnole …
Ken Loach a voulu d'abord faire un film humaniste mettant en exergue ces quelques jeunes volontaire, partis avec rien, pour défendre un idéal contre un pouvoir fasciste en Espagne qui préfigure ce qui arrivera quelques petites années plus tard en Europe. Mais il nous livre aussi un film politique où il nous fait partager des réunions polémiques sur la nécessité de la collectivisation des terres dont on sait bien aujourd'hui que cela relève de l'utopie et n'a jamais (à ma connaissance) résolu quoi que ce soit sur le long terme.
Côté casting, Ken Loach utilise des acteurs peu connus comme Ian Hart dans le rôle du jeune anglais et Rosana Pastor pour le rôle de Blanca. La romance entre les deux personnages n'est pas vraiment convaincante et n'est visiblement pas le sujet de préoccupation du cinéaste.
Surtout, si je m'amuse à comparer au couple mythique de "Pour qui sonne le glas" avec Gary Cooper et Ingrid Bergman …
Au final, film intéressant sous l'angle historique et même politique mais pas passionnant sous l'angle cinématographique ou de l'analyse un peu trop succincte des personnages.