Le film se revendique "à petits budget" (500 000 $), tourné en deux semaines. Est-ce l'effet "caméra numérique" ? Ou le filmage caméra à l'épaule ? Wenders explique que cela donne une grande liberté. Les acteurs le confirment dans le making of : le plateau est vite prêt, on peut laisser tourner et refaire dans le feu de l'action. De fait, John Diel et Michelle Williams sont le principal atout de ce film. Cette dernière, surtout, est merveilleuse de fraîcheur et de spontanéité, Et Wenders a la bonne idée de la cadrer de très près.
Oui, mais la médaille à son revers : l'image m'a semblé assez laide le plus souvent et je n'ai eu quasiment aucun beau plan à me mettre sous la dent. C'est comme en littérature : l'histoire à beau être bonne, les personnages intéressants, si le livre est mal écrit...
Sur le fond, j'ai trouvé le propos assez lourdement asséné, entre une Lana pure image de la bonté et un Paul vieux baroudeur frisant souvent la caricature (à l'exemple de cette réplique : "c'était un rire d'arabe !"). Le scénario est quant à lui assez prévisible :
on sent rapidement que la piste suivie par Paul s'avérera sans fondement.
Si l'on ajoute la durée du film, deux longues heures, et les toujours exaspérantes scènes de road movie (dès qu'une voiture est sur une route, il faut mettre une musique planante, un vrai cliché), on obtient un film qui mérite à mes yeux tout juste un peu plus de la moyenne.
L'explication finale rehausse un peu le film : assez beau lorsque Lana explique à Paul que les gens qui ont applaudi au 11-Septembre n'étaient pas des terroristes mais des gens ordinaires au Moyen Orient. Paul est ici une bonne métaphore de l'Amérique qui n'a pas voulu voir cette réalité et se poser cette question : "pourquoi nous haïssent-ils ?". Un moment profond et émouvant. Las, le film ne s'achève pas là-dessus mais avec un clip "on the road again", sur la musique mièvre de Leonhard Cohen...
5,5