Pour mon propre plaisir, cette critique sera ponctuée du cri de ralliement suivant : « Bravo les lesbiennes ». Vous êtes avertis et je vous invite vous-même à glisser ce mantra dans vos interactions quotidiennes, ça fait du bien, ça détend.
« Bravo les lesbiennes » pour ce joli film qui vient enrichir le trop faible matrimoine cinématographique lesbien français.
J’ai eu la chance de voir le film lors d’une ciné rencontre avec la réalisatrice. A la lumière des explications et des clés de lecture partagées sur son processus créatif, certaines de mes impressions initiales ont pu évoluer.
Le film retrace l’histoire d’amour entre 2 lycéennes, une allemande de Leipzig et une française de Strasbourg. Ces 2 correspondantes nouent progressivement une relation tendre et amoureuse.
Si le film se concentre sur leur relation, le propos n’est pas le rejet familial, la honte ou la détestation de son homosexualité. Il n’y a d’ailleurs aucun témoignage d’homophobie dans le film.
« Bravo les lesbiennes »
Ce film est un récit sur les frontières.
Il y a d’abord de manière évidente les frontières géographiques entre la France et l’Allemagne, poreuses dans le grand Est.
Il y a aussi les frontières qu’on franchit à l’adolescence, la consommation de drogue, les premiers ébats, la construction de ses idées politiques.
Enfin il y a la frontière entre la vérité et le mensonge, que n’arrive pas à respecter Fanny.
Dans le film, les frontières se traversent, les mondes se rapprochent. L’amour naissant entre Fanny et Léna occasionne un libre échange d’émotions, de famille, de classe, de souffrances, tout passe de l’une à l’autre et revient.
Une scène retient mon attention, sans que je parvienne à y fixer d’opinion arrêtée. Le face à face des 2 classes a un potentiel scénographique époustouflant, elles sont l’une en face de l’autre et une agressivité moqueuse monte crescendo. Il y a une puissance peut-être mal dirigée dans cette scène. La réalisatrice explique que ce face à face lui a permis d’éviter de tomber dans la naïveté et la candeur quant aux préjugés qui divisent encore la France et l’Allemagne. Je trouve cette scénographie peut-être trop puissante pour n’être utilisée que comme contre point.
On trouve aussi un joli propos sur la croyance dans le film. Fanny dira d’ailleurs à Léna« je crois que je t’aime ». Léna décide de son côté de croire de Fanny, mensonges ou vérités. L’amour entre les 2 femmes est un acte de foi.
« Bravo les lesbiennes »
Enfin, quelques mentions spéciales pour clore cette critique :
La musique de Rebeka Warrior accompagne fabuleusement le film (« Bravo les lesbiennes »).
Le travail de l’image entre rose et bleu et l’iridescence qu’il confère aux peaux est superbe.
Enfin, pour finir sur une nuance, pourquoi faire gober un pied à cette toute jeune actrice ?