Largo Winch : Le Prix de l'Argent vient nous rappeler en cet été 2024 que l'exploitation de suites tardives de franchises et autres propriétés intellectuelles n'est pas l'exclusivité de nos amis yankees.


Car en effet, les deux premiers opus, que le temps est assassin, datent déjà de 2008 et de 2011, soit presque une éternité au cinéma. Et qui plus est, sur fond de succès public des plus relatifs au regard des tristes moyennes affichées sur le site.


Ce qui est pour le moins étonnant, car dans les souvenirs du masqué, les films étaient plutôt pas mal, même s'il fallait reconnaître que le second était un peu plus mécanique et se reposait sur le grand nom de Sharon Stone en tête d'affiche.


Et voilà que treize ans plus tard, la production nous refait le coup, avec cette fois-ci James Franco dans un rôle d'antagoniste insensible à la douleur. Soit un archétype venant braconner sur les terres de James Bond, et plus particulièrement du côté du Renard dans Le Monde ne Suffit pas.


Un guest de luxe qui vaut ce qu'il vaut, dès lors qu'il s'inscrit dans une intrigue entremêlée d'intime et d'économie mondialisée chère aux bandes dessinées d'origine. Soit quelque chose de très classique, mais qui se suit sans aucun ennui une quarante durant.


Exit Jérôme Salle, maître d'oeuvre des deux premiers opus, pour laisser la place à Olivier Masset-Depasse, qui n'a pas trop à rougir de la comparaison, en livrant quelque chose de plutôt bien troussé et relativement varié tant dans son action que dans les décors traversés.


Et puis, Tomer Sisley se montre toujours investi, et il serait assez assez hypocrite de ne pas dire qu'il continue de tenir une forme olympique, le bougre.


Si le film reprend les prémisses du treizième album de l'héritier-aventurier, il essaie, parfois avec un certain succès, de l'habiller de toute la modernité de notre réalité, que ce soit du point de vue de notre addiction aux réseaux sociaux et aux likes envisagée comme un dérisoire palliatif à notre solitude, ou encore l'hypocrite liée au green washing de notre économie de marché.


Oui, c'est light, et il faut résister aux sonorités de l'accent cônôdien d'une gamine parfois insupportable. Mais qui résonne aussi, finalement, avec le thème des racines cher à la série, qui était repris jusqu'à la chanson principale du second opus.


Et puis, c'est un petit peu plus sombre que d'habitude, puisque Largo, s'il demeure le héros d'action décrit naguère, est aussi présenté dans ses failles parentales ou encore comme le businessman qui a failli dans sa manière de s'approprier le capitalisme de manière plus humaine pour éviter fermetures et plans de licenciement que l'on ne connaît que trop bien.


Si Largo gagne un petit peu de profondeur au passage, Le Prix de l'Argent ressuscite avant tout l'esprit mi James, mi Jason, mi Bryan Mills qui animait ses deux grands frères. Soit un film d'action globe-trotter carré et finalement efficace sachant tenir en haleine quant aux pourquoi d'un grand méchant promettant de revenir dans un quatrième opus qui semble déjà dans les cartons de la production en cas de retour d'amour de l'orphelin milliardaire...


Même si apparemment, le 4.4 de moyenne ici relève plutôt d'une forme de défiance que n'aurait pas reniée un ex-président normal.


Dis François, à quel niveau de revenus est-on riche pour toi, déjà ?


Behind_the_Mask, ♪... and I need a dollar, dollar... ♫

Behind_the_Mask
7
Écrit par

Créée

le 3 août 2024

Critique lue 519 fois

9 j'aime

3 commentaires

Behind_the_Mask

Écrit par

Critique lue 519 fois

9
3

D'autres avis sur Largo Winch - Le Prix de l'argent

Largo Winch - Le Prix de l'argent
ServalReturns
3

Avis d'un prolo (mais qui a lu les BD, lui)

Bon, encore une fois, ça se torche avec le diptyque homonyme, et de manière générale avec la BD Largo Winch, dont on se demande finalement bien pourquoi l'avoir adaptée – elle qui se prêtait pourtant...

le 18 août 2024

8 j'aime

4

Largo Winch - Le Prix de l'argent
TheoMiles77
3

Au-delà de l'embarras et du malaise!

Invité à l'avant première, j'ai hésité à m'y rendre. Le deux premiers se laisser regarder mais énorme doute en voyant la bande annonce. Bon, j'aurais dû écouter mon instinct. C'est très pénible à...

le 21 juin 2024

7 j'aime

2

Largo Winch - Le Prix de l'argent
Duckman
3

Au rabais

J'ai adoré les deux premiers. Mais la, quelle tannée... deux choses m'ont gênė dans ce film. Deja ça sonne faux, dans les dialogues, dans les motivations. C'est difficile à decrire, mais ça merde. Et...

le 1 août 2024

5 j'aime

Du même critique

Avengers: Infinity War
Behind_the_Mask
10

On s'était dit rendez vous dans dix ans...

Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...

le 25 avr. 2018

205 j'aime

54

Star Wars - Les Derniers Jedi
Behind_the_Mask
7

Mauvaise foi nocturne

˗ Dis Luke ! ˗ ... ˗ Hé ! Luke... ˗ ... ˗ Dis Luke, c'est quoi la Force ? ˗ TA GUEULE ! Laisse-moi tranquille ! ˗ Mais... Mais... Luke, je suis ton padawan ? ˗ Pfff... La Force. Vous commencez à tous...

le 13 déc. 2017

191 j'aime

39

Logan
Behind_the_Mask
8

Le vieil homme et l'enfant

Le corps ne suit plus. Il est haletant, en souffrance, cassé. Il reste parfois assommé, fourbu, sous les coups de ses adversaires. Chaque geste lui coûte et semble de plus en plus lourd. Ses plaies,...

le 2 mars 2017

186 j'aime

25