attention spoilers
L'histoire, simple et assez rocambolesque, nous place dans une mission sauvetage sous les tropiques assurées par deux soeurs afin de remonter le moral d'une mère divorcée ayant un peu perdu le goût des choses.
Dans ce film d'Eloïse Lang, déjà co-réalisatrice pour Connasse, mini-série à succès et film éponyme, nous retrouvons Camille Cottin qui incarne sans grande surprise une jeune trentenaire célibataire et assez rock'n'roll à la langue déliée(Rose); à ses côtés une mère en pleine dépression post-divorce interprétée par Miou-Miou (Françoise) et une sœur (Alice), interprétée elle par une brillante Camille Chamoux, jeune mère en couple légèrement désespérée voire borderline et sûrement un peu envieuse de sa sœur.
Si le jeu est sans grande surprise, les règles de la comédie sont bien présentes et remises au goût du jour par son casting féminin et autour du sujet des relations/ rapports humains mais aussi plus timidement du désir féminin.
Le film ne fait pas forcément honneur jusqu'au bout à plusieurs questions qui auraient pu être intéressantes comme le désir, le regard qu'Alice porte sur sa sœur presque dans un élan de patriarcat, ou encore au sujet de leur mère qui redécouvre finalement un peu les plaisirs sexuels et le plaisir d'assumer son célibat; si parfois le ton est un peu au crêpage de chignon, le texte a tout de même le mérite d'être clair et de faire exister toutes ces problématiques ensembles.
Le personnage de Rose est finalement au carrefour de toutes ces questions faisant d'elle un avatar dynamique et efficace de ce trio de femmes "à la dérive", mais vu la qualité du rythme des scènes -assez efficace-, le développement des sentiments profonds des personnages n'aurait pas été de trop.
Bien sur le trio n'est pas seul: les différents autres rôles aux personnalités rayonnantes et aussi barrées les unes que les autres viennent supporter les frasques d'une Camille Cottin, "connasse" solitaire mais profondément humaine, qui passe sûrement par cette crise de la trentaine, âge de raison et de remise en question qui ne s'explique pas dans le film explicitement mais que l'on comprend vite dans son attachement à Félix, un petit garçon venu là avec son père, lui venu faire le point sur sa vie après avoir perdu sa femme.
Tout le personnel permet in fine au trio de purger les peines de cœur et non-dits qu'elles traînent au quotidien en les mettant face à leurs propres vies; l'image d'une sorte de théâtre tragique fonctionne si bien qu'on en arrive à penser l'île comme une scène sur laquelle apparaît le lien profond entre trois femmes qui à des âges et des vécus différents se retrouvent plus fortes, loin du jeu de la ville dans laquelle elle ne se croisent presque jamais. L'idée est d'autant plus renforcée que plusieurs fois les animations assurées par les hôtes, prenant place sur des scènes, sont des moments où les trois femmes se réunissent et transforment leur malheur en une sorte d'acte extatique et libérateur.
D'ailleurs, tous les hôtes de l'île et donc autres rôles savamment choisis (Olivia Côte, Youssef Hajdi, Sylvain Quimene pour ne citer qu'eux) font preuve d'une sorte de folie saine et nous suggèrent que le trio a débarqué sur cette île volcanique (La Réunion) et où les personnages sont soumis à une sorte de fracas émotionnel prêt à entrer en éruption à tout moment sur fond de station balnéaire.
C'est au final avec un petit pincement au cœur que je suis sorti de la salle en me disant que le film aurait pu jouer plus sur son image et la mise en scène pour apporter plus de précision sur les sentiments des personnages. Pour autant, Larguées reste une comédie à la française très convaincante dans une tradition un peu perdue au milieu des nombreuses productions "à la ch'tis" et autres auteurs comiques trop confiants de leur talent sur les planches qui oublient parfois un peu les basiques du cinéma.