Il y a de ces films qui vous sont totalement inconnus. Il y a de ces films que vous allez voir par opportunisme. Ce film là en fait partie.
Accompagné par un trio de musiciens chevronnés, pour ouvrir un ciné-concert, Larmes de clown débute. Le postulat initial est assez simple : un scientifique se fait voler ses recherches par l'amant de sa femme. L'escroc expose "ses" théories devant l'académie qui le soutient à 100%. Notre protagoniste n'a aucun moyen de prouver que ce sont ses recherches, et non celles de son voleur. L'académie se rie de lui. Le voleur l'emporte. Notre protagoniste est dépité et constate que le rire est le seul moyen de le sauver. Il s'emploie alors dans un cirque.
Le film s'ouvre sur la célèbre citation : "Rira bien qui rira le dernier". Si cette maxime semble en premier lieu dérisoire, le reste du film ne démord pas quand à sa volonté de montrer qu'elle a une importance dramaturgique. Dans ce cirque où tout le public ne fait que rire lamentablement d'un être détruit humainement, et déshumanisé aux yeux du monde par un nom : LUI, un homme pleure. Sjöstrom magnifie les sentiments et la soif de vengeance de notre protagoniste.
Larmes de clown est d'une richesse déconcertante. L'image, les paroles, tout est étonnant. Le ciné-concert auquel j'ai eu la chance d'assister a permis d'offrir une dramaturgie nouvelle, complétant celle de l'histoire. Les effets de surimpressions sont utilisés avec un lyrisme bouleversant. Sjöstrom manipule les émotions de manière singulière et touche, en chacun de nous, une volonté de révolte, contre l'injustice, ici le plagiat de recherches scientifiques. La fin est d'ailleurs magistrale, et d'une poésie à vous faire bondir de votre siège.
Larmes de clown dispose donc d'une narration émouvante et d'acteurs magnifiques. Les dernières minutes du film font couler des larmes. Ce ne sont plus les larmes du clown, mais les larmes du cœur, celles du spectateur.