LaRoy, Texas, drôle d'endroit pour un rencontre. La petite ville, comme le symbole de l'obsolescence du rêve américain, fait un cadre idéal pour une fiction dont on ignorera le peu de vraisemblance pour se délecter de son écriture rusée, source d'un divertissement mêlant avec malice comédie humaine et tragédie de la cupidité. C'est à un bal des perdants que nous convie LaRoy, premier long-métrage de Shane Atkinson, où les personnages, tout en étant des archétypes, se caractérisent non pas leur intelligence mais par des comportements, souvent grotesques et maladroits, susceptibles de les hisser au-dessus de leur condition sociale. Le nerf de la guerre reste l'argent, avec l'espérance d'une vie meilleure, et le cortège de trahisons, d'exactions et de violences qu'il implique. Shane Atkinson ne prendra pas la mouche si l'on qualifie LaRoy de petit film, il dépasse certains supposés grands par ses dialogues, son interprétation et son atmosphère, forcément "coenienne" puisque c'est la référence qui prévaut, à défaut d'une mise en scène peut-être trop sage eu égard à la finauderie de son scénario, dans une ligne narrative qui donne suffisamment d'espace à chacun de ses protagonistes, dont l'aspect pathétique nous touche puisqu'ils nous ressemblent, peu ou prou, dans nos propres failles et échecs. Et puis, finalement, dans cette triste aventure contée avec humour, ne restera t-il pas en fin de compte une histoire d'amitié aussi incongrue que réconfortante ?