Laroy reprend les éléments du style des frères Cohen, le fait parfois assez bien, mais s'enlise avant tout dans un jeu de mime où on se demande si le scénario n'est pas une réécriture maladroite de Fargo. Ça, tout le monde l'a capté et, si tant est qu'on cherche dans le cinéma une certaine forme d'innovation, c'est la ou Laroy coule. Une lettre d'amour adressée aux histoires de nobodies évoluant tragiquement dans le microcosme d'une ville reculée au fin fond des États-Unis, une lettre d'amour au mythe du grand méchant loup, une lettre d'amour aux Steven Avery de ce monde et plus largement, aux personnages natures dont les QI ne volent pas très haut. Une lettre d'amour avant tout à l'absurdisme, mais une lettre d'amour très vite oubliée jusqu'à recevoir l'appel d'un fan en transe qui dit avoir sa femme dans le coffre, ou un avocat pilier de sa communauté laissé dans le caniveau avec dans sa main un élément incriminant. My tears run cold I'm wondering why.
Niveau points positifs, on notera le cast vraiment impliqué dans le projet, de Magaro dans son rôle de cocu accommodant et passif, Stevenson en beauty peagant winner maintenant vieillissante et frustrée qui se berce d'illusions, en passant par Zhan excellent dans le rôle de Skip, un usurpateur pugnace à la casquette au choix de détective privé flingué ou en wingman incompétent et finalement Baker, impressionnant dans son rôle de tueurs à gage façon Collatéral avec quelques amphet' en plus dans le sang. La mise en scène est propre sous toutes les coutures et très vite, ça coince. Cet aspect copie conforme en devient vite gênant, Atkinson prend le parti-pris du 0 prise de risque et de position, là ou Laroy, par son esthétique parfois vraiment digne d'un grand frères Cohen, aurait gagné à posséder sa petite pointe d'originalité au-delà de ses inspirations.
Malheureusement, là où certains films des frères Cohen brillent par leur savant mélange de comédie noire et de drame, portés souvent pas des bandes sons excellents qui viennent renforcer l'ambiance ou par un déchaînement de violence qui prend aux tripes et qui vient rajouter cette dimension prisée du réalisme de l'absurde, Laroy est tout simplement mignon. Une petite balle dans la panse, des séquences à rallonge de filature, un coup de marteau sur le bout de l'ongle... Peut-être était-ce là l'originalité de ce Laroy, un frère Cohen dépourvu de moments shock-value dirigé vers l'audience pour laisser une trace, un souvenir, en espérant que le scénario suffise et malheureusement, dans le cas de ce film, c'est raté. Celui-ci est assez malin dans l'ensemble, mais ponctué d'absurdités déjà explorées, une mallette pleine de biftons, une convergence de personnage vers cet objectif, quelques morts peu mémorables, et une fin brusque sans réelle portée.
En bref, Fargoy aurait mérité un poil plus d'huile de coude et de travail pour réussir à dépasser ses inspirations et à réellement mettre en place ses aspirations. Si l'objectif est de regarder un film par moment curieusement beau, amusant et qui essaye de vraiment bien faire les choses, Laroy mérite le coup d'oy, mais mieux vaut ne pas être trop regardant sur ce que signifie être scénariste ou metteur en scène ou au sens plus large du terme, artiste. Il est bon de s'inspirer, mais on apprend à l'école que copier demande en rétribution une forme de punition. On ne doutera pas, en vue de cette volonté de bien faire, qu'Atkinson, après ce premier projet aboutit et c'est déjà pas mal, trouvera le temps de s'améliorer et de vraiment proposer un projet à lui, et rien qu'à lui.