Un pétard mouillé qui fait mal au crâne. Un fils de bourge cocké jusqu'à l'os tombe malencontreusement sur une échappée d'asile (ou presque), l'embarque par empathie au volant de sa voiture américaine et se retrouve en fait avec la patiente 0 d'un Z-day qui lui refile une version boostée aux stéroïdes du covid qui vient se développer vitesse grand V dans une petite bourgade de France ou consommer de la drogue... c'est trop fun.
Souvent allergique aux productions française, souvent trop réalistes, trop sociales, trop pompeuses, trop moralisatrices et j'en passe, l'un des films d'horreur qui parvient le mieux à encapsuler cette ligne conductrice et à proposer une des expériences les plus réalistes et angoissantes qu'il m'ait été donné de voir est et restera pendant un long moment Martyrs. Donc oui, même étant allergique, il faut reconnaître que dans le genre de l'horreur la France a des choses à proposer et sait PARFOIS y faire (Ils, Haute Tension par exemple). Pourtant, même si on sent cette influence dans Mads du point de vue de son esthétique parfois léchée, on ne peut passer outre son scénario bancal, son montage extrêmement chaotique, ses effets qui pètent dans tous les sens et qui filent la gerbe, ses acteurs flingués qui eux aussi nécessite d'être enseveli sous un marasme d'effets de lumière et sonore pour rendre le tout, loin d'être bien foutu, au moins visionnable.
Donc bref on matte et plutôt que de donner à ses personnages une quelconque profondeur Mads les fait disparaître et passe d'un personnage à un autre sans aucune conviction, servant de prétexte à la prochaine scène qui, celle-là les créateurs l'espère, nous choquera, nous fera pousser un cri aigu de désespoir, nous fera ressentir quelque chose d'autre que le tournis.
Malgré tout, parce que chier dans la soupe et y laisser un poil de cul c'est marrant mais il faut savoir être juste, Mads échappe tout de même à mon opinion généraliste du cinéma français. D'ordinaire privilégiant le commentaire mal amené et mal réfléchi sur des thèmes bateaux comme l'amitié, le handicap, l'esclavage moderne, la délinquance, la sexualité ou autre, le tout amené de manière un peu hautaine, le manque d'inspiration ou d'originalité inlassablement déguisé en une forme de nonchalance bourgeoise dans le traitement des idées, mais bien que rescapé de ces idées préconçus, Mads ne peut s'empêcher de couler en commettant l'erreur flagrante de laisser son originalité et son côté barré au placard pour laisser place à un traitement défoncé au crack basé sur une shock-value prépubère et risible.
Dans le traitement du film de zombie, Mads reste différent et c'est surement sa plus grande force et la raison pour laquelle on reste la totalité du run, et il slalom - très maladroitement - entre cette tradition cinématographique française trop souvent à vomir et la bêtise complète et assumée de 80% des films de zombies. (les 20% restant étant des projets comme 28 jours plus tard, Train to Busan, Dawn of the Dead (remake compris), Shaun of the Dead côté humour, etc.)
Donc pas un film français drame social et pas non plus un film "coup de poing" comme la presse française adore estampillé les productions de la mère patrie, Mads reste visionnable par son parti-pris de l'originalité et pour rigoler un coup avant de prendre une dose de paracétamol après avoir écouté près de deux heures de cris amplifiés avec modification de hauteur de ton et filtre de réverbération à toutes les sauces et après avoir vu des acteurs forcés de jouer une bande de dégénérés en plein fou rire atteints également du syndrome de la Tourette. Mention spéciale à la scène sur le scooter ou j'ai tout simplement dû poser mon casque et arroser mes cactus tant l'environnement sonore me montait à la tête et tant le cringe des deux gogoles sur leurs scooters à se peloter et à se faire des bisous dans le cou en grinçant des dents et en hurlant à pleins poumons était devenu insoutenable.
Bref, un projet ambitieux qui reste original et qui peut valoir le coup d’œil dépendamment de la préférence de certain pour l'expérience avant la qualité, mais la qualité de la majorité des aspects du film étant plus que médiocre, l'expérience fait un effet sortie de gueule de bois avant laquelle on aurait rien graillé - direction les chiottes.