Avant toute chose, ce beau documentaire frappe et bouleverse par ses sujets ; sur l'affiche, des footballeuses se disputent un ballon, en un temps donné, avec un même objectif, celui de défendre un maillot et de faire triompher son équipe. Mais derrière ces maillots, hors des terrains, ces footballeuses sont des femmes. Des femmes invisibles par leurs statuts d'immigrées et/ou de sans-papiers, qui de plus évoluent à Rome, ville carte postale où elles sont, dans l'ombre et à la marge, femmes de ménage, aide à domicile... autant de fonctions domestiques et de service dont c'est peu dire qu'elles ne sont pas considérées. Or, le geste politique même de Las Leonas est de considérer ces femmes, de montrer cette part encore une fois invisible d'une réalité que notre société préfère ignorer.
En leur donnant la parole et en dépeignant autant leurs jobs que leur émouvante implication dans le tournoi, le film figure avec brio que derrière leurs fonctions et identités essentialisantes se logent des personnalités, des parcours, des individus avec des sensibilités et un désir, un rêve commun : celui de jouer au foot. Mieux encore, le football amateur y apparaît comme un moyen d'émancipation sociale. Las Leonas redonne par là-même ses lettres de noblesse à ce sport dont l'âme, pour la partie professionnelle du moins, nous avait quittés depuis un certain temps. Et le film de rappeler ce qu'est le football pour nous tous et toutes à la base : une manière d'oublier nos problèmes, un moyen d'affirmation de soi, et un plaisir, celui d'être ensemble.
P.S. : C'est triste, et même scandaleux, que le distributeur français (Le Pacte pour ne pas le citer) n'ait pas jugé bon de le diffuser en salle dans l'hexagone.