Le psychédélique en demi-teinte
Dans la grande famille des films de potheads, Las Vegas Parano se pose probablement comme ce qu'il m'a été donné de voir de plus barré.
Sans doute l'influence de Gilliam, sans doute la présence de Johnny Depp.
Toujours est-il que ce n'est certainement pas l'aspect du film qui m'a le plus séduit.
La succession gratuite et frénétique de scènes d'hallucinations plus ou moins collectives a un côté très fatigant, en plus de ne pas apporter grand-chose à l'histoire, famélique.
On m'objectera que c'est un reproche qu'on peut sans doute opposer à tous les films du genre, ici ça m'a particulièrement frappé.
Ainsi, les épisodes lucides se comptent probablement sur les doigts d'une main (et je considère ici qu'elle a cinq doigts).
Emprisonnées dans un crescendo interminable, la gravité et l'ampleur des conséquences des trips successifs de nos deux joyeux shootés deviennent quelque peu indigestes, le seul intérêt de la chose étant de bousculer et mettre un peu mal à l'aise le spectateur, mais pas trop quand même.
Il faut donc chercher ailleurs, notamment dans l'excellente prestation des acteurs et dans la mise en scène intéressante de ces épisodes délirants, les motifs de satisfaction.
La bande-son n'est pas en reste même si elle se laisse aller à quelques facilités.
Bonne pellicule, Las Vegas Parano ne m'a cependant pas fait très forte impression et ne laissera sans doute pas un souvenir impérissable tant j'accorde de l'importance au récit lorsque je regarde un film, et tant dans celui-ci les quelques bribes de scénario sont d'une part très dispersées, d'autre part Gilliam entretient le flou quant à leur véracité même.
On peut ajouter un message en filigrane, puis exprimé sur la fin par le personnage de Depp : comment les gens ayant (trop) cru aux préceptes de la période Woodstock sont inadaptés et inaptes à exister dans la vie réelle.
Là non plus, on ne tombera pas de sa chaise de surprise.