Le suicidaire cabot sous perfusion
Le héros japonais, en exil à Bangkok, est un suicidaire semi-débile/semi-autiste (on ne sait pas trop), maniaque, fana d'un autre suicidé mythique (Yukio Mishima), vit dans une baraque totalement aseptisée, ne ressent pratiquement aucune émotion, n'a pas d'envie particulière et traîne dans le film comme une âme en peine (il est bibliothécaire et range les bouquins avec une précision diabolique).
Chacun de ses suicides est un échec lamentable, en général ils sont interrompus au dernier moment par d'horribles sonneries de porte/de téléphone qui ont achevé de m'arracher les tympans, sachant que j'avais dû mettre le volume de la télé à fond vu qu'il n'y a à peu près aucun bruit/aucun son dans le film, et que le volume de la musique est ridiculement bas.
Et puis au cours de l'une de ses innombrables tentatives il croise la route d'une thailandaise et de sa soeur, toutes deux prostituées (enfin la soeur quitte rapidement l'histoire), et s'ensuit ce qui pourrait peut-être s'apparenter à une histoire d'amour, on ne sait pas trop (mais c'est souvent le cas visiblement dans le cinéma asiatique), avec barrière du langage, modes de vie opposés, communication laborieuse, et compagnie.
J'avoue être un peu perplexe.
C'est globalement un charabia contemplatif plutôt réussi, et franchement je ne me suis pas ennuyé bien qu'il ne se passe à peu près rien, mais c'est suffisamment poétique et classieux pour tenir en éveil.
Et puis même le héros est attachant, tout en étant affublé d'une coupe de cheveux, type cabot/javier Bardem dans no country for old man, ruinant 95% de son charisme. (Et dont il ne sait d'ailleurs pas quoi faire).
Le mélange rêve/réalité est plutôt réussi (quoique j'étais un peu énervé, car perdu, au moment où la soeur vivante s'intervertissait avec sa soeur morte en mode David Lynch exaspérant).
L'histoire avec les yakuzas, bien qu'on les voit finalement peu, est limite inutile, même s'ils ont le mérite d'être cools et d'instiller un peu de tension à un récit volontairement amorphe. Le final dans la baraque d'origine totalement aseptisée où tous les méchants sont réunis est assez fendard.
Reste une impression d'ensemble bizarre, avec au bout du compte un film un peu boiteux, et un peu vain, mais traversé par quelques séquences lumineuses et prenantes.